"Fake it until you make it" : quand Jean-Luc Mélenchon emprunte une stratégie de start-up pour sa campagne
En posant l'objectif de son installation à Matignon, en martelant le slogan "Mélenchon premier ministre", le leader des Insoumis emprunte une stratégie très connue dans la Silicon Valley et importée en France dans le monde de l'entreprise : "Fake it until you make it". Décryptage avec Gaspard Gantzer.
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Pour mieux comprendre comment Jean-Luc Mélenchon a réussi à capitaliser sur son score au second tour de l'élection présidentielle et à le transformer en dynamique pour incarner la gauche aux législatives, la maxime en vogue dans les start-up dans les années 2000 est un bon point de départ : "Fake it until you make it". Ou, en français "Fais comme si, fais croire que, jusqu'à ce que ça arrive".
C'est tout l'esprit du slogan "Mélenchon premier ministre" : poser cet objectif improbable comme l'enjeu de la bataille législative afin de la gagner. Et la stratégie a démarré le soir de sa défaite le 24 avril dernier.
Jean-Luc Mélenchon a fait de cette élection - celle d'un premier ministre factice - la base de sa communication pour la bataille législative. Expliquez-nous en quoi consiste est cette méthode ?
Jean-Luc Mélenchon est conscient qu'au lendemain de l'élection présidentielle, les législatives ne vont pas intéresser beaucoup de monde, donc il essaye de remettre de l'enjeu en posant une question : celle du choix du premier ministre qui ne se pose pas normalement dans ce cadre-là. Il fait un peu comme ces entreprises américaines qui proposent par exemple d'aller dans l'espace : lui change l'enjeu des élections législatives pour en faire une élection du premier ministre. La mise en pratique de cette stratégie est très claire : il faut marteler le même message "Mélenchon premier ministre" et le diffuser visuellement, des centaines de milliers d'affiche et plusieurs millions de tracts avec le visage de Mélenchon et le slogan vont continuer à être diffusés.
Les signes sont-ils aussi importants que les mots dans cette stratégie ?
Les élections législatives ne sont pas parties pour passionner les citoyens. Je rappelle qu'en 2017, il n'y avait eu que 50% de participation. Or, une façon de les intéresser est d'incarner ces élections, non pas dans les 577 circonscriptions avec les 577 visages mais avec un seul visage connu et reconnu de tous pendant cette élection présidentielle, celui de Jean-Luc Mélenchon. A posteriori, on se rend compte que c'est exactement la même méthode qu'avait choisi Emmanuel Macron en 2017 pour convaincre les Français de son potentiel présidentiel. Lors de son fameux meeting de décembre 2016, il avait même emprunté les habits du prophète.
Emmanuel Macron a donc emprunté le premier cette maxime des start-ups ?
Ce "fake it until you make it" est un adage qu'on entend dans la Silicon Valley, qui signifie l'innovation et la rupture. Parce que toutes ces entreprises proposent de services qui n'existaient pas avant, des réseaux sociaux, des capacités à faire rouler des voitures électriques, à envoyer des fusées sur la Lune avant de les faire revenir sur la Terre. Et Emmanuel Macron entouré de gens qui connaissent ce secteur-là l'avait appliqué à la politique. Il l'avait dit : j'ai fait pivoter le modèle et j'ai inventé quelque chose qui n'a jamais été fait auparavant.
Sommes-nous entrés dans une nouvelle ère politique où la prophétie auto-réalisatrice est plus efficace que l'idéologie ?
Faire de la politique c'est toujours donner des rèves, créer des ambitions, avoir de l'espoir, mais aujourd'hui dans une époque où les idéologies s'affaissent, où les programmes politiques ont moins d'importance, c'est vrai que la capacité à faire rêver, à démontrer qu'on peut changer le monde grâce à des innovations de rupture comme dans le monde des entreprises, compte de plus en plus en politique. Mais tout l'enjeu dans la stratégie de Jean-Luc Mélenchon est de trouver la parade, une fois les élections législatives passées et surtout la bonne réponse à apporter aux électeurs qui auront, pour certains, voter avec l'espoir qu'il devienne effectivement premier ministre. Car, même en cas de victoire de l'union de la gauche en juin prochain, l'hypothèse d'un Emmanuel Macron nommant Jean-Luc Mélenchon à Matignon s'avère quasi-nulle.
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