Plus de 40% des salariés du privé jugent leur rémunération insatisfaisante

D'ici 9 mois, la majorité des entreprises devront appliquer la directive européenne sur la transparence des salaires, qui vise à mieux lutter contre les inégalités. Elles auront probablement à répondre à de nombreuses questions de salariés.

Article rédigé par Sarah Lemoine
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
La moitié des salariés du privé jugent leur rémunération faible au regard de leurs efforts, de leur investissement dans le travail et de leurs compétences (selon une enquête de l'Apec et Terra Nova). (PM IMAGES / DIGITAL VISION / GETTY IMAGES)
La moitié des salariés du privé jugent leur rémunération faible au regard de leurs efforts, de leur investissement dans le travail et de leurs compétences (selon une enquête de l'Apec et Terra Nova). (PM IMAGES / DIGITAL VISION / GETTY IMAGES)

C'est ce que l'on peut déduire à la lecture de l'enquête publiée cette semaine par l'Association pour l'emploi des cadres (l'Apec) et le cercle de réflexion Terra Nova. 4.000 salariés du privé ont été sondés au mois de mai afin de comprendre la façon dont ils perçoivent leur rémunération.

Après plusieurs années de forte inflation, les résultats montrent d'abord une crispation sur la question du pouvoir d'achat. La moitié des salariés estiment que le leur a baissé au cours des 5 dernières années et deux tiers n'entrevoient pas d'évolution à court terme, tout particulièrement au sein des professions intermédiaires, des ouvriers et des employés.

Ces catégories socioprofessionnelles comptent d'ailleurs plus sur les pouvoirs publics pour améliorer leur pouvoir d'achat que sur leur entreprise. Même si ces dernières sont attendues au tournant sur de nombreux sujets liés à la rémunération.

Décalage entre l'investissement et la rémunération

D'après l'enquête, 43% des salariés sont désormais insatisfaits de leur rémunération, alors qu'ils n'étaient qu'un tiers en 2019 (selon une étude du ministère du travail). Cette insatisfaction est liée bien évidemment au montant indiqué sur la feuille de paye, mais pas seulement.

La moitié des salariés jugent leur rémunération faible au regard des efforts qu'ils fournissent, de leurs compétences, de leur niveau de diplôme, de la pénibilité ou de l'utilité de leur métier. Ils estiment d'ailleurs que ce sont en priorité les conditions de travail et les compétences requises qui devraient être considérées au moment de fixer les salaires.

La fixation des salaires dans l'entreprise jugée opaque

Près de la moitié des salariés ne comprennent pas les critères d'attribution pour les augmentations de salaires. Et ce manque de transparence alimente les doutes quant à la justice et la justesse des politiques de rémunération.

41% des salariés estiment que leur entreprise n'est pas juste dans la manière de fixer les rémunérations lors de l'embauche, et 48% lors des revalorisations au cours de la carrière. Ce sentiment d'iniquité est particulièrement fort parmi les catégories les moins rémunérées.

"Les salariés doivent comprendre comment se construisent leurs salaires et sur quels critères reposent les écarts et les hausses", souligne Terra Nova. C'est le sens, justement, de la directive européenne sur la transparence salariale qui doit être transposée d'ici juin. Parmi les mesures phares, un salarié pourra demander des informations sur les niveaux moyens de rémunération des collègues qui effectuent un même travail ou un travail de valeur égale. L'employeur disposera de 2 mois pour répondre, a priori.

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