"Mon rapport à l'IA, c'était celui d'une poule devant une lame de rasoir"
Tout l'été, on interroge des salariés, des indépendants, des chefs d'entreprise, sur leur rapport aux Intelligences artificielles génératives. Comment les utilisent-ils, comment modifient-elles leur pratique professionnelle ? Aujourd'hui, Guillaume de Sorbay, patron d'une entreprise artisanale.
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Guillaume de Sorbay à 36 ans et se définit comme "fils et petit-fils d'entrepreneurs dans le bâtiment". Après un début de carrière comme commercial dans l'aéronautique, il a souhaité devenir son propre patron. Début 2020, il a racheté deux PME artisanales, dont Simmad, qui fabrique des escaliers sur mesure, à Eslettes en Normandie. Il emploie 49 salariés. Il y a un peu plus d'an, quand il a entendu parler des intelligences artificielles génératives, ça l'a laissé perplexe :
"Mon rapport à l'IA, dans un premier temps, c'était le rapport d'une poule devant une lame de rasoir : ça brille, ça a l'air intéressant, mais on ne sait pas trop ce que c'est et on ne sait pas s'il faut y toucher. Avec d'autres chefs d'entreprises normands, il a décidé de creuser le sujet.
"On a identifié un spécialiste, qui est venu dégrossir le sujet avec nous, nous expliquer ce qu’est une intelligence artificielle, ce qu'est une intelligence artificielle générative, combien sont-elles, quels sont les domaines d'application et comment cela fonctionne à travers des démonstrations."
Guillaume de SorbayPatron de l'entreprise artisanale Simmad
"On a commencé à jouer avec, poursuit Guillaume de Sorbay, et cela a été très intéressant de voir à la fois les motivations et les appréhensions des différents chefs d'entreprise, avec d'un côté ceux qui se sentent menacés, par exemple les entreprises de communication, dont le métier est de créer des sites Internet, des logos des brochures, et de l'autre, les entreprises industrielles qui ont perçu l'IA générative comme une calculatrice géante, qui peut permettre de gagner du temps".
Début 2024, Guillaume de Sorbay est passé à l'action
Après une phase d'expérimentation, il utilise depuis quatre mois des IA génératives pour réaliser la quasi-totalité de sa communication externe. En texte et en images. Il évoque deux types de gains.
"Le premier, c'est un gain de temps. La responsable communication de l'entreprise passe beaucoup, beaucoup moins de temps à rédiger les articles qu'elle va publier ensuite sur les réseaux sociaux.
Puis, nous avons fait un rafraîchissement de notre site internet, ce qui nécessite de créer du contenu pour présenter nos métiers, etc. La rédaction de contenu, qui est facturée en général par une agence de communication entre 200 et 300 euros la page, aujourd'hui, c'est quelque chose qu'on fait rédiger par chatGPT en quelques secondes, avec un abonnement d'une vingtaine d'euros par mois."
Au-delà de la communication, la PME recourt à des IA génératives pour rédiger des courriers juridiques, des notes de service, des fiches de poste ou pour trier des CV. Enfin, en matière de données confidentielles, Guillaume de Sorbay est particulièrement attentif. "Si je demande à ChatGPT de travailler sur l'analyse de la cohérence de ma politique salariale, on n'est pas dans un confessionnal. Si vous posez une question à ChatGPT le lundi, vous avez une réponse. Mais si votre concurrent, qui est dans la ville d'à côté, lui pose la même question le lendemain, il y a une probabilité non nulle pour que sa réponse, 24 heures après vous, soit enrichie des informations que vous lui avez données la veille".
Inquiétude face à ces nouveaux outils
Par mesure de sécurité, seuls trois salariés de Simmad ont été formés et ont le droit de travailler avec les intelligences artificielles génératives. Aujourd'hui, la principale inquiétude de Guillaume de Sorbay face à ces nouveaux outils technologiques, c'est qu'ils court-circuitent l'apprentissage.
"Si demain, un jeune en tout début de carrière prend l'habitude d'utiliser exclusivement une IA pour analyser l'information qu'on lui donne, cette personne ne développera pas d'expertise dans l'analyse, puisqu'elle subordonnera cette action à une machine."
Guillaume de Sorbay
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