Les salariés en CDD et en intérim ont-ils les mêmes conditions de travail et un bien-être équivalent à ceux employés en CDI ?

Horaires, pression, pénibilité, autonomie, reconnaissance, soutien social… Les salariés en emploi précaire pâtissent-ils de moins bonnes conditions de travail que leurs collègues en CDI ? Sur certains indicateurs oui, mais pas sur tous, affirme une étude du ministère du Travail.

Article rédigé par Sarah Lemoine
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
31% des intérimaires occupent un poste d’ouvrier qualifié ou non qualifié de la manutention, selon la Dares. (GUILLAUME BONNEFONT / MAXPPP)
31% des intérimaires occupent un poste d’ouvrier qualifié ou non qualifié de la manutention, selon la Dares. (GUILLAUME BONNEFONT / MAXPPP)

C’est un vrai sujet, car travailler en CDD ou en intérim concerne beaucoup de monde. C’est devenu monnaie courante, principalement en début de carrière, mais aussi à d’autres moments de la vie professionnelle.

L’évolution est flagrante : au début des années 1980, les contrats de travail temporaires représentaient seulement 4,5% de l’emploi total. Aujourd’hui, c’est près de 10%, selon l’Insee, et leur durée n’a cessé de diminuer, au fil du temps. Vu la place prise par ces contrats, choisis ou subis, la question des conditions de travail et du bien-être des salariés dans ce type d’emploi suscite l’intérêt croissant des chercheurs.

Conditions plus dégradées pour les emplois temporaires courts et non choisis

Sans grande surprise, l’enquête de la Direction de l'animation, de la recherche, des études et des statistiques du ministère du Travail (Dares), montre qu’à métiers et caractéristiques comparables, les salariés en CDD ou intérim souffrent davantage de l’imprévisibilité des horaires, de l’insécurité de l’emploi et d’un manque d’autonomie en raison de leur faible temps de présence dans l’entreprise.

À l’inverse, et justement parce qu’ils sont de passage, ils sont moins soumis à la pression au travail, ils déclarent moins de conflits éthiques. L’investissement émotionnel est moindre, et ils ont plus souvent le sentiment que leur travail est reconnu, du moins à court terme, en raison probablement de l’effet "lune de miel" associé au nouvel emploi.

Quand les contrats temporaires sont courts, c’est-à-dire inférieurs à trois mois, et qu’ils sont subis et non choisis, les conditions de travail apparaissent alors plus dégradées, sur un certain nombre d’indicateurs. Mais pas sur tous non plus. Les salariés en CDD courts, par exemple, subissent moins de pénibilité physique et d’horaires excessifs que leurs collègues en CDI.

Moins de satisfaction professionnelle

Ces conditions de travail différentes influencent-elles le bien-être ? D'après les résultats, elles ont un impact direct sur la satisfaction professionnelle des salariés et des intérimaires dont les contrats sont courts et non choisis. Chez ces derniers, cette satisfaction est significativement inférieure à celle des salariés en CDI. L’écart s’explique par la grande insécurité de l’emploi, la forte sensibilité au manque d’autonomie, et les écarts de rémunération.

En revanche, les conditions de travail différentes n’influent pas sur la satisfaction vis-à-vis de la vie privée. Celle-ci est à peu près similaire entre salariés temporaires et permanents. L’une des explications tient au fait que les jeunes sont surreprésentés parmi les salariés précaires et qu’ils ont globalement moins de contraintes familiales.

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