Le tatouage, sujet oublié des politiques anti-discrimination en entreprise
En France, le nombre de personnes tatouées ne cesse d’augmenter, notamment parmi les jeunes. Si cette pratique est de mieux en mieux acceptée dans la société, ce n’est pas encore le cas dans le monde professionnel. C’est ce que montrent les travaux de deux enseignants-chercheurs.
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Ces travaux sont uniques car ils sont les seuls à étudier en France les stéréotypes qui entourent les salariés tatoués. Les auteurs, Sarah Alves et Vincent Meyer, de l'école de commerce et de management EM Normandie, se passionnent pour le sujet depuis 3 ans. Leur première enquête exploratoire, menée notamment auprès de recruteurs, a pu confirmer l’existence de préjugés très forts au sein de cette population, malgré les nombreux non-dits.
Certains chasseurs de têtes qualifient les personnes tatouées "d’extrémistes", de "pas fiables", de "peu sérieuses", de "pas compétentes" ou de "pas féminines" quand il s’agit de femmes. Pour eux, le tatouage qui ne pose pas de problème est celui qui ne se voit pas, surtout dans les secteurs conventionnels, comme la banque ou l’audit. Depuis, les auteurs ont élargi leur enquête auprès de 400 salariés tatoués, pour comprendre comment naît le sentiment de discrimination et quels effets en découlent.
Vigilance et dissimulation
Selon les nouveaux résultats, qui n'ont pas encore été publiés, 3 salariés sur 10 affirment avoir été victimes de remarques négatives ou de comportements inappropriés dans leur entreprise, du fait de leur tatouage. Parmi eux, 6% se considèrent comme discriminés, ce qui les incite à être plus vigilants et à cacher leur tatouage, surtout s’ils sont dans un emploi précaire ou en contact avec le public.
Le fait de se conformer et de dissimuler diminue aussi l’engagement au travail, mais uniquement chez les moins de 25 ans, observent les auteurs, faute de pouvoir exprimer pleinement leur singularité, à un âge où c’est primordial. L’étude montre enfin qu’un environnement et un management bienveillant permettent d’atténuer ces effets.
Peu d'entreprises abordent le sujet
Sarah Alves et Vincent Meyer estiment que les entreprises doivent déconstruire les stéréotypes et lutter contre les discriminations en ouvrant un dialogue franc sur la question. Si l’armée et la police l’ont fait en acceptant officiellement les tatouages, très peu d’organisations abordent le sujet, disent-ils, dans leur politique de diversité et d’inclusion. Cela peut être l’occasion de poser un cadre, de dire ce qui est permis ou pas, ou d’affirmer une position vis-à-vis des clients.
Ce n’est pas un sujet anodin. "22% de la population est désormais tatouée en France, dont 44% chez les 25-34 ans" affirment les deux chercheurs. Leur prochaine étude consistera à mesurer les effets du tatouage sur l’employabilité. Un nouvel appel à témoignages a été lancé.
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