L'usage de l'intelligence artificielle progresse-t-elle dans les PME ?

Seule une minorité de dirigeants de PME et d'entreprises de taille intermédiaire ont pris le train de l'IA. Mais ils sont de plus en plus nombreux à se presser sur le quai, d'après la dernière enquête du Lab de BPI France, la banque publique d'investissement.

Article rédigé par Sarah Lemoine
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
58% des dirigeants considèrent que l'IA est un enjeux de survie à moyen terme, selon l'enquête du Lab de Bpifrance. (MOOR STUDIO / DIGITAL VISION VECTORS / GETTY IMAGES)
58% des dirigeants considèrent que l'IA est un enjeux de survie à moyen terme, selon l'enquête du Lab de Bpifrance. (MOOR STUDIO / DIGITAL VISION VECTORS / GETTY IMAGES)

Ce n'est pas un raz de marée, mais la situation progresse. En l'espace de 18 mois, "le taux d'adoption de l'intelligence artificielle a doublé dans les PME et les entreprises de taille intermédiaire (ETI)", d'après Philippe Mutricy, directeur des études de BPIfrance. La dernière enquête, menée en fin d'année auprès de 1.200 chefs d'entreprise, révèle qu'un tiers de ces entreprises utilise désormais une IA de façon récurrente ou en phase test. Pour un quart d'entre elles, il s'agit d'IA génératives (ChatGPT, Copilot, Gemini...) pour créer du texte, des images ou de la musique. Pour 6%, des IA non génératives, qui servent à analyser des données. Seule une toute petite minorité, 10%, jongle entre les deux, avec des différences importantes selon les secteurs.

Autre marqueur fort de l'évolution en cours : un peu plus de la moitié des dirigeants de PME et d'ETI pensent que rater le coche de cette technologie pourrait, dorénavant, menacer leur activité à court terme, d'ici 3 à 5 ans, seulement. Pour autant, plus de la moitié n'a pas développé de stratégie.

La moitié utilise des solutions gratuites

Les freins sont multiples. Les dirigeants de PME et d'ETI ont du mal à cerner les gains potentiels de productivité, avec une vraie crainte sur le montant de l'investissement initial. "Dans l'IA générative, les abonnements ne sont pas très chers individuellement, mais la facture grimpe vite quand il faut équiper de nombreux salariés", résume Elise Tissier, directrice du Lab de BPI France.

Quant aux modèles d'IA plus développés, elle ajoute : "Avec des systèmes en boucle fermée sur les données de l'entreprise, le coût peut s'élever à plusieurs dizaines ou centaines de milliers d'euros, ce qui n'est pas neutre pour une petite entreprise."

En attendant d'y voir plus clair, la moitié des PME et des ETI qui a sauté le pas utilise des solutions gratuites ou prêtes à l'emploi. Parmi les autres freins évoqués, les dirigeants citent la crainte des fuites de données, la difficulté à identifier des cas d'usage et, pour 22% d'entre eux, la résistance des salariés.

Dans 73% des cas, l'impulsion IA vient du dirigeant

D'après l'enquête, plus d'un quart des 1.200 dirigeants interrogés sont clairement réfractaires, ils ne perçoivent pas du tout l'intérêt de l'IA pour leur business. Ces patrons sont surreprésentés dans la construction, le transport, et dans les entreprises de moins de 20 salariés.

L'enquête montre par ailleurs que l'usage de l'IA parmi les dirigeants de PME et d'ETI est corrélé à l'âge et au niveau d'études. Les plus diplômés et les jeunes sont plus susceptibles d'utiliser l'IA générative au travail. Les femmes accusent un net retard par rapport à leurs collègues hommes, comme dans le reste de la société, sur les sujets technologiques.

Commentaires

Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.