Journée internationale des droits des femmes : encore du boulot pour atteindre la mixité des emplois

C'est mon boulot Sarah Lemoine Le samedi à 7h25, 9h25, 11h25 et 13h25, le dimanche à 7h22, 9h22, 11h22, 13h22

Papa travaille dans l'industrie, maman dans les services à la personne. La répartition des métiers reste profondément genrée en France. Cette ségrégation s'observe également dans les formations professionnelles pour adultes, selon le dernier bilan de l'AFPA.

Sarah Lemoine

Radio France

Publié le 08/03/2025 09:35

Temps de lecture : 3min

Une stagiaire de l'AFPA se forme à la soudure. (VINCENT VOEGTLIN / MAXPPP)

Tous les ans, l’AFPA forme un peu plus de 150.000 chômeurs ou salariés en reconversion dans les métiers du bâtiment, de l’industrie ou du secteur tertiaire.

Parmi les stagiaires, cette année, Déborah Bulteau fait partie des rares femmes à avoir opté pour un métier dit masculin, c’est-à-dire exercé majoritairement par des hommes. Elle a choisi d’être électricienne d’installation et de maintenance des systèmes automatisés, en tant qu’ouvrière spécialisée. Dans sa session de formation, elles ne sont que 2 au sein d’un groupe de 17 personnes et elle était la seule femme à exercer un métier technique dans la PME industrielle qui l’a accueillie récemment en stage.

À 45 ans, Déborah Bulteau affirme avoir toujours été attirée par les domaines manuels et techniques. Dans sa vie d’avant, elle a été projectionniste de cinéma en itinérance, conductrice de super poids lourds, avec, entre les deux, un passage dans l’armée pendant 5 ans. Pour son parcours, Déborah vient de recevoir le prix spécial du jury des Trophées des métiers pour Elles de l’Afpa, qui distingue des femmes qui bousculent les codes et les préjugés.

Les femmes ne s'autorisent pas toujours à aller dans des métiers dits masculins

Huit salariés sur dix exercent un métier non-mixte, selon les données du ministère du Travail. Sachant qu’un métier est considéré comme mixte quand il accueille entre 40% et 60% de chacun des genres.

Cette ségrégation se retrouve dans le choix des certifications. 84% des femmes en formation s’orientent vers des métiers du tertiaire, principalement dans l’administratif, l’aide aux personnes ou la propreté, très majoritairement féminins. Elles ne sont que 10% à opter pour le bâtiment et 6% pour l’industrie, selon Isabelle Pautrat, responsable de projet mixité à l’Afpa.

Certaines femmes, dit-elle, ne s’autorisent pas à aller vers des métiers dits masculins, en raison d’a priori, de stéréotypes, ou parce qu’elles ne sont pas soutenues par leur environnement familial, alors que dans certains cas, ces métiers sont mieux rémunérés, moins précaires et permettent de travailler à plein temps.

Et les hommes face aux métiers majoritairement féminins ?

Les hommes doivent aussi lutter contre les stéréotypes de genre sur les métiers dit féminins. L’AFPA réfléchit d’ailleurs à lancer des Trophées pour mettre en valeur des hommes qui s’orienteraient dans des formations où ils sont actuellement minoritaires. Par exemple, secrétaire médico-social ou assistant de vie aux familles. Le projet est en gestation.