Déconstruire les stéréotypes de genre, un combat de longue haleine

Depuis six ans, des étudiants de grandes écoles sont régulièrement interrogés sur les stéréotypes de genre. Les résultats de la dernière enquête, publiée cette semaine, soulèvent des inquiétudes.

Article rédigé par Sarah Lemoine
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Les étudiantes en école de commerce et d'ingénieurs s'auto-attribuent plus de stéréotypes que les étudiants, selon l'étude. (MOOR STUDIO / DIGITAL VISION VECTOR / GETTY)
Les étudiantes en école de commerce et d'ingénieurs s'auto-attribuent plus de stéréotypes que les étudiants, selon l'étude. (MOOR STUDIO / DIGITAL VISION VECTOR / GETTY)

Les étudiants en école de commerce et d'ingénieurs sont-ils moins convaincus de l'égalité professionnelle entre les femmes et les hommes ? C'est le sujet qui anime l'Association des managers de la diversité, la School of Business de Clermont Ferrand et la Conférence des grandes écoles, qui ont interrogé 3000 étudiants dans 89 établissements.

À la question : "Est-ce que les hommes et les femmes possèdent des compétences et des qualités professionnelles identiques" ? Ils étaient 82,4% à dire oui en 2021. 80% deux ans plus tard. Cette année, ils ne sont plus que 79,2%. Cette diminution n'est certes pas gigantesque, mais elle est "un signal faible d'une évolution en cours dans la société", selon l'enseignante-chercheuse Pascal Borel. "À savoir la résurgence des stéréotypes de genres chez les jeunes, et notamment chez les jeunes hommes", un phénomène déjà pointé dans plusieurs études.

Empathie et sensibilité pour les femmes, confiance en soi et leadership pour les hommes

79% des étudiants et des étudiantes qui ont une vision égalitariste, cela reste quand même important. Pour autant, les stéréotypes de genre reviennent au galop quand le sujet est creusé plus précisément.

Parmi 23 qualités et compétences professionnelles suggérées, l'empathie, la sensibilité, l'écoute, le sens du détail, la communication ou l'intelligence intuitive restent spontanément attribués aux femmes. À l’inverse, la confiance en soi, la gestion du stress, l'autorité, le leadership, le charisme, la combativité ou l'intelligence logique sont attribuées aux hommes.

Ces stéréotypes, c’est-à-dire ces idées toutes faites qui assignent des rôles aux femmes et aux hommes en fonction de leur genre, ne sont pas spécifiques aux étudiants des grandes écoles, souligne l'étude. Ils sont très classiques et présents partout dans la société et dans le monde professionnel.

Une double contrainte pèse sur les étudiantes

L'étude montre aussi que les étudiantes intériorisent bien plus les stéréotypes de genre. Les étudiantes en école de commerce et d'ingénieurs s’auto-attribuent 4 stéréotypes en moyenne, contre 2,9 pour les hommes.

Dans le même temps, les étudiants projettent sur elles encore plus de clichés. "Cette « double contrainte » enferme les jeunes femmes dans un cercle d’autocensure et de remise en cause de leurs compétences, ce qui explique en partie pourquoi, à compétences égales, elles hésitent davantage à se projeter dans des fonctions de management ou de direction".

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