Concilier parentalité et vie professionnelle : une gageure pour un tiers des salariés cadres

Une semaine après la rentrée des classes, une étude de l'Association pour l'emploi des cadres (Apec), pointe les difficultés des parents à mener de front leur vie personnelle et professionnelle

Article rédigé par Sarah Lemoine
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
61% des cadres qui ont des enfants mineurs retravaillent tard le soir pour compenser les interruptions dans la journée, selon l'Apec. (JORDI SALAS / MOMENT RF / GETTY IMAGES)
61% des cadres qui ont des enfants mineurs retravaillent tard le soir pour compenser les interruptions dans la journée, selon l'Apec. (JORDI SALAS / MOMENT RF / GETTY IMAGES)

"Il y a une dizaine d'années, la parentalité était considérée comme un sujet relevant uniquement de la sphère privée" souligne Gilles Gateau, le directeur de l'Association pour l'emploi des cadres. "Or depuis la crise covid et l'extension du télétravail, la vie privée et la vie professionnelle sont encore plus imbriquées et les entreprises ne peuvent ignorer les difficultés ressenties par certains salariés qui élèvent des enfants mineurs".

D'après l'étude publiée cette semaine par l'association, 37% des salariés cadres dans cette situation expriment des difficultés. C'est 10 points de plus que leurs collègues cadres qui n'ont pas d'enfants ou qui élèvent des adolescents plus âgés. Sans surprise, ceux qui ont des enfants en bas âge se sentent encore plus pénalisés. Ils sont 41%.

Concessions personnelles et professionnelles

Pour remplir leurs obligations professionnelles, 70% des mères et 60% des pères cadres affirment ne pas toujours parvenir à avoir des moments pour eux : faire du sport, s'adonner à une activité de loisir, consacrer du temps à la famille et aux amis. Certains repoussent aussi les soins médicaux ou y renoncent.

Si les concessions touchent d'abord la vie personnelle selon l'étude, le quotidien de travail n'est pas épargné : ne pas pouvoir assister à une réunion jusqu'au bout, décliner des projets ou des formations. Ne pas pouvoir se rendre aussi aux pots ou aux "afterworks", là où s'échangent les informations et où se fabrique un réseau. Conséquence : 3 parents cadres sur 10 jugent que leurs contraintes personnelles leur font rater des opportunités d'évolution professionnelle et des promotions.

Plus de souplesse

La moitié des parents cadres réclament de la souplesse dans l'organisation du travail, 3 sur 10 des autorisations spéciales d'absences, et un autre tiers, des changements de pratiques pour favoriser l'équilibre entre vie personnelle et vie professionnelle.

"Des sujets pas toujours faciles à aborder dans les collectifs de travail, souligne Gilles Gateau. Les directions des ressources humaines ont été longtemps frileuses pour s'en emparer au nom de l'équité avec les salariés qui n'ont pas d'enfants. Mais aujourd'hui, être une entreprise 'parent friendly' est un argument pour recruter".

Les entreprises ont aussi un rôle à jouer, selon lui, pour favoriser une meilleure répartition des tâches dans la parentalité. D'après l'étude, 55% des mamans cadres disent être le plus souvent sollicitées en cas de rendez-vous médicaux pour les enfants, contre 22% des pères seulement.

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