Comment prévenir la consommation d'alcool et de drogues chez les salariés des cafés, hôtels, restaurants ?

Le recours à l'alcool et aux drogues en milieu professionnel reste un sujet encore tabou. Notamment dans les hôtels, restaurants, cafés et boîtes de nuit, où cette pratique est répandue.

Article rédigé par Sarah Lemoine
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Pour la première fois, l'Umih publie un guide pour prévenir les conduites addictives au travail, dans les cafés, hôtels, restaurants. (JAZZIRT / E+ / GETTY IMAGES)
Pour la première fois, l'Umih publie un guide pour prévenir les conduites addictives au travail, dans les cafés, hôtels, restaurants. (JAZZIRT / E+ / GETTY IMAGES)

Le premier syndicat patronal du secteur, l'Umih (Union des métiers et des industries de l'hôtellerie), vient de publier pour la première fois un guide à destination des employeurs. Tabac, cannabis, ecstasy, cocaïne… les salariés des cafés, hôtels ou restaurants ne sont pas les derniers à consommer des substances psychoactives sur leur lieu de travail. Leur niveau d'usage est d'ailleurs plus élevé, en moyenne, que dans les autres milieux professionnels, tous produits confondus. C'est ce que montre la dernière grande enquête sur le sujet, publiée il y a 8 ans, par le ministère du Travail.

Les employeurs notent davantage de difficultés

Une réalité que Julia (c'est un pseudonyme) a découverte en signant son premier CDI comme cuisinière dans un restaurant parisien. C'était en 2023, elle sortait de formation. " Mon chef fumait des joints, mais il assurait, affirme-t-elle. En revanche, un autre chef, qui faisait des remplacements, arrivait bourré au travail et prenait de la cocaïne". Ce qu'elle jugeait dangereux avec les transports de lourdes marmites et le maniement des couteaux, dans une petite cuisine où la température avoisinait les 40°C. "Et tous les soirs, après le service, c'était systématiquement pétard et alcool, voir plus pour débriefer et relâcher la pression, Parfois, cela commençait dès l'envoi des premiers desserts". Depuis, Julia a changé de métier, pour de multiples raisons.

Le phénomène est-il en augmentation ? Il n'y a pas eu de nouvelle enquête statistique du ministère du travail. Par contre, depuis deux ou trois ans, les employeurs sont bien plus nombreux à remonter des difficultés, affirme le syndicat majoritaire du secteur. "C'est un salarié qui débute le service en étant alcoolisé ou de la cocaïne qui circule dans l'entreprise" résume Olivier Dardé, porte-parole du dialogue social à l'Umih. Le syndicat a donc conçu un petit guide pratique avec l'aide la Miledca, la mission qui lutte contre les drogues et les conduites addictives au niveau interministériel. Destiné aux patrons, ce guide donne des clefs en matière de détection, de prévention, d'accompagnement et de gestion des situations critiques. Il rappelle à quelles conditions l'éthylotest et le test salivaire sont autorisés. Il livre des conseils sur la gradation des sanctions en cas de faute avérée.

Des facteurs de risques identifiés

Le guide aborde les conditions de travail, soulignant que les horaires de travail intenses ou décalés, les bouteilles d'alcool à portée de main sur le lieu de travail, la précarité professionnelle, le stress et les effectifs insuffisants peuvent favoriser le développement de conduites addictives. "Le fait qu'un syndicat aussi important que l'Umih se saisisse du sujet est révélateur" estime Franck Pinay Rabaroust, fondateur du média Bouillantes. "L'alcool et la drogue sont omniprésents en restauration, mais le sujet, dit-il, reste tabou."

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