Prévenir les maladies cardiovasculaires grâce à une polypilule

Il existe déjà différents traitements, bien spécifiques, pour lutter contre les maladies cardio-vasculaires. Mais une polypilule est à l'essai afin de prévenir ces différentes pathologies. Elle pourrait être administrée à l'ensemble de la population à partir d'un certain âge.

franceinfo : De quoi s'agit-il exactement ?

Martin Ducret : Cette polypilule associe dans un seul comprimé plusieurs médicaments à faibles doses : des antihypertenseurs pour contrôler la tension, une statine pour réduire le mauvais cholestérol et parfois de l’aspirine pour éviter la formation de caillots dans le sang. L'objectif de cette polypilule est de protéger les vaisseaux sanguins pour éviter l’apparition d’une crise cardiaque ou d’un AVC. C’est donc un traitement préventif.

Le principe est de proposer systématiquement cette polypilule à toute personne de plus 50 ans, quel que soit ses facteurs de risques cardiovasculaires et son hygiène de vie, et en l’absence de contre-indication. Je précise que ce médicament n’est pas en vente mais seulement à l’essai.

L’idée serait donc de donner cette polypilule à grande échelle, à toute la population après 50 ans ?

Exactement, cette polypilule préventive a été pensée un peu comme la vaccination, face aux défauts des stratégies de santé actuelle basée sur une médecine personnalisée. À ce jour, pour prévenir les maladies cardiovasculaires, il faut déjà avoir une bonne hygiène de vie, c’est la base. Manger équilibré, bouger, arrêter de fumer, limiter l’alcool…

Ensuite, la prescription de médicaments est proposée selon les facteurs de risques cardiovasculaires, en cas d’hypertension artérielle avérée ou d’un taux de cholestérol élevé. "Le problème c’est que cette stratégie individualisée n'est pas assez efficace" explique le docteur Julien Doublet, cardiologue au CHU de Bordeaux. "Par exemple, un patient sur deux qui présente une hypertension artérielle n’est pas diagnostiqué, et donc pas traité."

La polypilule semble donc intéressante mais il n'est pas sûr que tout le monde soit prêt à l’avaler ?

En effet, quand on voit les réserves d’une partie de la population envers la vaccination, l'acceptabilité d’un tel traitement paraît compliquée. "Pourtant, sur le papier, cette polypilule présente plusieurs avantages, précise Julien Doublet. Elle est très peu coûteuse car elle utilise des médicaments qui sont des génériques, bien connus et avec peu d’effets secondaires. De plus, certaines études semblent démontrer son efficacité par rapport à la stratégie classique."

Néanmoins, attention, il est nécessaire de réaliser des études à plus grande échelle pour réellement démontrer ses effets positifs mais aussi ajuster sa composition afin de minimiser au maximum ses effets secondaires. Ensuite, il faudra un réel changement de stratégie en santé publique et bien expliquer à la population générale l’intérêt de ce traitement. On en est encore loin.

Pour aller plus loin :

La Revue du praticien

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