Pourquoi les médicaments ne sont-ils pas vendus à l’unité dans nos pharmacies ?
Martin Ducret, médecin et journaliste au "Quotidien du Médecin", nous explique pourquoi la France, contrairement à certains pays, ne s’est toujours pas convertie à la délivrance des médicaments à l'unité.
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La vente de médicaments à l'unité dans les pharmacies est une pratique courante dans plusieurs pays comme au Canada, aux Etats-Unis ou aux Pays Bas, mais pas en France. Les explications de Martin Ducret
franceinfo : La France, contrairement à certains pays, ne vend toujours pas les médicaments à l'unité ?
Martin Ducret : Oui, vendre des médicaments à l’unité en pharmacie, avec exactement le nombre nécessaire de comprimés prescrit par le médecin – au lieu de la boîte entière – paraît, sur le papier, évident pour plusieurs raisons.
D’abord, d’un point de vue écologique, ça éviterait le gaspillage ; concernant les médicaments remboursés, ça permettrait de faire des économies à la Sécurité sociale, ensuite ça limiterait le risque d’automédication – c’est-à-dire la consommation inappropriée des fameuses boîtes qui traînent dans nos placards – et enfin, ça diminuerait le risque de pénuries de médicaments, auxquelles on fait face depuis plusieurs hivers.
D’ailleurs en cas de pénurie, l'État a rendu obligatoire la délivrance à l’unité, mais seulement pour certains médicaments ?
Oui, la direction générale de la Santé, via le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS), a mis en place cette obligation pour certains antibiotiques en tension d’approvisionnement. Par exemple, en cas de pénurie d’amoxicilline cet hiver, par arrêté ministériel, l’état obligera les pharmaciens à le vendre à l’unité.
Il faut savoir aussi que certains médicaments, que l’on appelle “stupéfiants”, comme la morphine, sont obligatoirement délivrés avec le nombre exact de comprimés et pour une durée limitée, en raison du risque d’abus, de dépendance ou d’usage détourné de ce type de produits.
Pourquoi la vente à l’unité, si elle est possible avec les stupéfiants et certains antibiotiques, n’est-elle pas généralisée à tous les médicaments, comme c’est le cas dans d’autres pays ?
Car le système de distribution du médicament dans nos pharmacies n’est pas le même qu’à l’étranger. Aux États-Unis par exemple, les laboratoires pharmaceutiques livrent en vrac les pharmacies, et celles-ci doivent conditionner dans de petits flacons les quantités nécessaires, et y apposer une étiquette avec les informations (posologie, date de péremption, etc.)
En France, on fonctionne par boîte de médicament, et chacune d’elles à un code informatique unique pour permettre de vérifier son identité par scan, c’est ce que l’on appelle la sérialisation.
"Cette obligation de traçabilité, associée à des limites de coût et de moyens humains, ne permet pas aux pharmaciens de généraliser la délivrance à l’unité”, explique Pierre-Olivier Variot, président de l’Union de syndicats de pharmaciens d'officine (USPO). Pour ça, il faudrait que tout le système de distribution du médicament, à la fois du côté des industriels que celui des officines, soit repensé et modifié.
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