"Les robots conversationnels ne sont pas faits, à l’heure actuelle, pour être utilisés à des fins médicales", rappelle le docteur Martin Ducret

Médecin et journaliste au "Quotidien du Médecin", le docteur Martin Ducret a testé Chat-GPT4. Les réponses du robot conversationnel ne sont pas toutes correctes. "L’avis d'un professionnel de santé est indispensable", note le praticien. En revanche, l'intégration de l'IA représente déjà une aide précieuse dans "de nombreuses spécialités".

Article rédigé par Martin Ducret
Radio France
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Temps de lecture : 4min
L'iA n'est pas amenée à remplcer les médecins, mais à les aider (photo d'illustration). (TEERA KONAKAN / MOMENT RF)
L'iA n'est pas amenée à remplcer les médecins, mais à les aider (photo d'illustration). (TEERA KONAKAN / MOMENT RF)

Alors que le sommet tant attendu pour l’action sur l’intelligence artificielle, a débuté jeudi 6 février, à Paris, un constat s'impose : l'intégration de l'intelligence artificielle dans la vie quotidienne est chaque jour un peu plus importante. Achat de voiture, services bancaires, coaching sportif, la plage d'utilisation des robots conversationnels semble sans limite. Dans le domaine de la santé si "à ce jour" il ne faut pas se fier à ChatGPT, indique le Dr Martin Ducret, médecin et journaliste au Quotidien du Médecin, le recours à l"IA aide déjà les médecins "dans de nombreuses spécialités". 

franceinfo : Pour des questions de santé, peut-on se fier à Chat-GPT ou Deepseek, ces intelligences artificielles avec lesquelles on peut discuter et poser des questions précises ? Vous les avez testés.

Dr Martin Ducret : Tout à fait, j’ai testé en particulier Chat-GPT4, le modèle de langage développé par l'entreprise OpenAI, en me mettant dans la peau d’un patient. Dans le premier test, je viens de subir un traumatisme du genou, il est gonflé, douloureux, je n’arrive plus à marcher. Je demande à ChatGPT que faire dans ce cas-là, surtout que je n'ai pas accès à un médecin immédiatement. Et il me donne une réponse globalement correcte, comme utiliser des béquilles pour me déplacer, surélever ma jambe, mettre de la glace, prendre du paracétamol pour calmer la douleur et consulter aux urgences en cas de signes de gravité. Donc on peut dire que ce test est validé.

Dans le deuxième test, j’ai mal à la gorge et je demande à ChatGPT si je peux prendre des anti-inflammatoires. Il me répond oui à condition de ne pas avoir de contre-indication comme des problèmes gastriques, rénaux, ou des allergies. Dans ce cas, la réponse n’est pas bonne. Je l’ai répété à plusieurs reprises dans mes chroniques, en cas de mal de gorge cela peut être une infection virale ou bactérienne, il ne faut surtout pas prendre d’anti-inflammatoires au risque d’aggraver l’infection.

Cancer : l'IA est désormais plus efficace que l'œil humain pour analyser les biopsies https://ikeaflex.store/replay-radio/nouveau-monde/cancer-l-ia-est-desormais-plus-efficace-que-l-oeil-humain-pour-analyser-les-biopsies_6886193.html%3C/p%3E

On ne peut donc pas se fier à ChatGPT en matière de santé ?

À ce jour, non. L’avis d'un professionnel de santé est indispensable. Il faut savoir que les agents conversationnels accessibles sur internet, comme Chat-GPT et Deepseek, sont des versions bridées de l’ensemble du modèle et destinées au grand public, m’a indiqué le Pr Jean-Emmanuel Bibault, médecin-chercheur en cancérologie à l'hôpital Georges Pompidou à Paris et spécialiste de l’intelligence artificielle. Les robots conversationnels ne sont donc pas faits, à l’heure actuelle, pour être utilisés à des fins médicales.

Est-ce que ça pourra bientôt être le cas ? 

Pour le Pr Bibault, oui très certainement, car les modèles de langage en entier, avec l’ensemble de leur savoir, sont bien plus performants que les médecins pour certaines tâches. Dans une récente étude, face à des cas cliniques médicaux complexes, O1, la dernière version du modèle de langage d'OpenAI, a donné 80% de réponses correctes, contre seulement 30% pour les médecins. 

L’intelligence artificielle va-t-elle remplacer les médecins ?

Remplacer non, mais aider oui. C’est déjà le cas dans de nombreuses spécialités. Ne perdons pas de vue que l’objectif principal est de soigner le mieux possible les patients. Et si l’intelligence artificielle, dans un cadre éthique et sécurisé, peut y participer, nous aurions tort de ne pas nous en servir.

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