Faut-il consommer des prébiotiques et des probiotiques ?

Martin Ducret, médecin et journaliste au Quotidien du Médecin, nous parle aujourd’hui des prébiotiques et des probiotiques, des compléments alimentaires en vogue dans nos pharmacies pour soulager des symptômes digestifs ou encore pour booster notre système immunitaire. 

franceinfo : Pouvez-vous nous expliquer ce qu'est un prébiotique ou un probiotique ? 

Martin Ducret : Oui, ce sont tous les deux – non pas des médicaments – mais des alicaments, c’est-à-dire des aliments ou des compléments alimentaires qui ont un effet bénéfique sur notre santé. 

Un prébiotique, c’est une substance non vivante, comme un sucre ou une fibre, qui va permettre soit une réaction chimique, soit le développement de bonnes bactéries dans le tube digestif. C’est donc de la bonne nourriture pour le développement de notre microbiote intestinal.

En revanche, un probiotique se distingue du prébiotique car c’est un organisme vivant – une bactérie ou un champignon – qui vient enrichir directement le microbiote pour agir positivement sur notre santé. 

Ces compléments alimentaires peuvent être vendus en pharmacie sans preuve de leur efficacité sur un plan scientifique ? 

Oui, tout à fait. À la différence d’un médicament, pas besoin d’étude scientifique pour prouver les bénéfices sur la santé de ces alicaments. Ils ont juste besoin d’obtenir une autorisation de l’Agence européenne de sécurité des aliments. De ce fait, de nombreuses marques les commercialisent, nous promettant un effet préventif ou un soulagement de nos maux du quotidien, des troubles digestifs par exemple, mais sans forcément de preuve solide de leur efficacité. 

Ils existent quand même des études scientifiques robustes qui prouvent leurs bénéfices ? 

“Très peu, m’a affirmé le Pr David Laharie, gastro-entérologue au CHU de Bordeaux. Il y en a quelques-uns pour les probiotiques, comme l’ultra-levure ou la bactérie Lactobacillus casei par exemple, et quasiment aucune pour les prébiotiques.”

D’ailleurs, un groupe d’experts internationaux vient de publier des recommandations pour mieux encadrer l’usage des prébiotiques. Pour le Pr Laharie, ce cadre scientifique est bien évidemment souhaitable, mais les laboratoires et les consommateurs n’ont pas attendu de preuves objectives pour utiliser ces produits, qui se vendent d’ailleurs comme des petits pains.  

Alors certes ces alicaments, dont les effets secondaires sont rares, peuvent soulager certains symptômes, mais leur efficacité reste tout de même faible. De plus, les probiotiques ont une influence seulement transitoire, car ils sont juste de passage dans notre intestin, et dès qu'on les arrête leur effet s'estompe. Mieux vaut donc privilégier avant tout une alimentation saine, équilibrée et surtout diversifiée. De nombreux prébiotiques sont naturellement présents dans des aliments tels que les oignons, les poireaux ou encore les bananes.