Dépression, addictions... Les bienfaits de la psilocybine sur la santé mentale

C'est une substance psychédélique qui suscite un intérêt croissant en santé mentale depuis une dizaine d’années et que l’on retrouve à l’état naturel dans certains champignons dits "hallucinogènes".

Article rédigé par Martin Ducret
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Un psilocybe, un champignon dont peut extraire la psilocybine, dans un laboratoire à Portland, aux États-Unis, en 2023. (ROBYN BECK / AFP)
Un psilocybe, un champignon dont peut extraire la psilocybine, dans un laboratoire à Portland, aux États-Unis, en 2023. (ROBYN BECK / AFP)

De nombreux travaux scientifiques démontrent que la psilocybine permet de soigner des maladies comme la dépression, les addictions, ou encore les troubles obsessionnels compulsifs (TOC). D’autres substances psychédéliques avec des effets similaires font également l'objet d’études, comme le LSD, la DMT et la Mescaline.

En fait, ces substances ont en commun d’activer dans le cerveau les récepteurs d’un neuromédiateur, la sérotonine, souvent appelée l’hormone du bonheur. Elles provoquent pendant quelques heures un état modifié de conscience avec des hallucinations, un déferlement d’émotions ou encore une introspection profonde pouvant aller jusqu'à l'expérience mystique. Et sur la durée, elles peuvent bloquer la rumination mentale (quand les pensées tournent en boucle dans la tête de manière très désagréable).

La nécessité d'un usage médical encadré

Selon le docteur Benjamin Wyplosz, médecin en hospitalisation à domicile à l’APHP à Paris, "les psychédéliques sont les substances classées comme drogues les moins toxiques pour l’individu et la société, et sans risque de dépendance". "Cependant, tempère le docteur Lucie Berkovitch, psychiatre et chercheuse en neurosciences à l'Hôpital Saint Anne à Paris, elles peuvent être responsables d’expériences mentalement difficiles, appelées 'bad trip', qui peuvent perdurer dans le temps chez certains patients".

Pour minimiser ce risque, la consommation de psychédéliques doit être encadrée médicalement. En pratique, le patient prend seulement une dose de la substance, puis bénéficie d’un suivi psychologique. On appelle ça une psychothérapie assistée par psychédéliques. Généralement, les effets bénéfiques débutent dans les 24 heures suivant la prise et perdurent pendant plusieurs mois voire des années.

La recherche débute à peine en France

En France, le fait que les psychédéliques soient classés comme stupéfiants, au même titre que la cocaïne ou l’héroïne, a limité la recherche médicale sur ces substances. Notre pays a beaucoup de retard par rapport à la Suisse ou les États-Unis par exemple. En France, la recherche débute tout juste. Le CHU de Nîmes a mené l’année dernière une étude sur la psilocybine et la dépendance à l’alcool. Actuellement, plusieurs centres français, dont celui du docteur Berkovitch, étudient les effets de la psilocybine sur la dépression résistante. Par ailleurs, le docteur Wyplosz est à l’initiative du projet Psilonco, pour évaluer les effets de la psilocybine sur les patients en fin de vie en détresse psychique. Il est temps de changer notre point de vue sur l'usage thérapeutique de ces substances. De nombreux patients en souffrance pourraient être soulagés.

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