"C'est bon signe quand on ressent du stress à la rentrée", assure Michel Lejoyeux, psychiatre à l’hôpital Bichat

Loin d’être une maladie, le stress peut même être positif pour la santé. C'est ce qu'explique le professeur de psychiatrie et chef du service de psychiatrie et d’addictologie à l’hôpital Bichat (AP-HP).

Article rédigé par Solenne Le Hen
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
  (GALINA ZHIGALOVA / MOMENT RF)
  (GALINA ZHIGALOVA / MOMENT RF)

Stress, changement de rythme, petite nostalgie des vacances. À l’approche de la rentrée, ces sensations sont normales, rappelle Michel Lejoyeux, professeur de psychiatrie et chef du service de psychiatrie et d’addictologie à l’hôpital Bichat. Loin d’être une maladie, cette sensation étrange traduit plutôt une bonne santé, explique-t-il dans "C'est ma santé conseils" sur franceinfo. Un rendez-vous proprosé avec l’AP-HP (Assistance publique - Hôpitaux de Paris), le plus grand centre hospitalier d’Europe qui regroupe 38 établissements et mobilise près de 100 000 professionnels : médecins, infirmiers, psychologues, kinésithérapeutes et autres spécialistes.

franceinfo : Le stress de la rentrée, c'est un problème de gens en bonne santé ?

Michel Lejoyeux : C'est bon signe quand on ressent du stress à la rentrée. D'abord, cela signifie qu'on regrette un peu ses vacances, signe de bonne santé. C'est une adaptation normale.

C'est une émotion et non une maladie ?

Notre appareil psychique, notre cerveau et notre appareil émotionnel s'adaptent. On change de rythme de vie, on change de lieu. De même quand on arrive sur son lieu de vacances, on est un tout petit peu décalé. Tout cela ne doit pas être médicalisé, sauf dans certains cas.

Quelle est la différence entre le stress et la dépression ? Quels sont les symptômes censés nous alerter ?

Il y a quatre symptômes qui font la différence. Le premier, c'est la perte d'énergie qui ne s'améliore pas, même quand on se repose un peu. La deuxième, c'est une perte d'estime de soi. La troisième est la perte, quand finalement à la rentrée, on a plus envie de rien. Finalement, on parle de l'émotion qui bouge, lorsqu’on est triste en permanence, quand rien ne va nous distraire ou nous faire sourire. On a, donc, des critères précis qui nous permettent de faire la différence. Il y a l’émotion un peu désagréable comme celle de la rentrée, qui va vite passer et pour laquelle il ne faut pas prendre de médicaments ou de traitements compliqués. Et puis il y a une maladie, ou qui peut être une maladie pour laquelle on va simplement demander l'avis d'un professionnel.

La période de rentrée étant quand même une période compliquée pour les enfants et pour les adultes, est-ce qu'il y a des astuces pour que tout cela se passe le plus facilement possible ?

En vacances, on bouge plus, on a plus d'activité physique, donc on va se ménager des moments d'activité physique. Aujourd'hui, des études sérieuses montrent que trois séquences d'activité physique un peu intenses par semaine ont un effet comparable à celui d'un antidépresseur. Attention, on n'arrête pas des antidépresseurs utiles et bien prescrits, mais l’activité physique agit aussi au niveau neurobiologique, en stimulant la sécrétion d’endorphines et d’autres molécules bénéfiques.

Des activités, mais pas trop parce qu'il faut aussi avoir du temps libre. C'est précieux le temps libre pour soi, mais aussi pour ses proches ?

Il faut surtout avoir du temps sanctuarisé. Il faut avoir un temps qui soit, soit du temps de travail, soit du temps pour soi. Ce qui fatigue, c’est d’être en permanence sur son téléphone. On a appris, en vacances, à dîner avec son mari, sa femme, ses enfants, sans s’interrompre pour un message venant du travail. On va garder cette séquence et cette sanctuarisation des temps également à la rentrée.

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