USA : des armes à portée de main…et de folie
Un jeune homme de 18 ans achète des armes pour son anniversaire, se rend dans une école et y tue 21 personnes dont 19 enfants. Et ce n’est pas le premier carnage de ce type aux USA.
Un adolescent de 18 ans a ouvert le feu, mardi 24 mai 2022, dans une école primaire au Texas, tuant 19 jeunes élèves et deux adultes, un drame qui a plongé l'Amérique dans un cauchemar qui se répète.
La tuerie dans un lycée de Parkland en Floride en 2018, 17 morts. La fusillade à caractère raciste du 14 mai dernier, dans un supermarché à Buffalo dans l'Etat de New York, au moins 10 morts. Et le 1er juin 2022, un nouveau drame à Tulsa, dans un hôpital de l'Oklahoma, 4 morts. La psychanalyste Claude Halmos revient sur ces tueries de masse et sur la vente libre des armes outre-Atlantique.
franceinfo : Comment peut-on expliquer de tels actes et quel rôle joue le fait que les armes soient en vente libre ?
Claude Halmos : Quelqu’un qui accomplit un tel acte n’est pas dans la réalité. Il est dans un film qu’il a construit dans sa tête, et qu’il croit être la réalité. Ce film, il l’a construit en général à partir de souffrances psychologiques très lourdes qu’il a subies, et qui se sont souvent ajoutées à un héritage (inconscient) de souffrances subies dans les générations précédentes.
Il n’a pas été aidé pour ces souffrances, et souvent même elles n’ont pas été repérées. Donc il en a fait une sorte d’interprétation délirante, qui constitue le film dans lequel il vit. Et dans le scénario de ce film, il doit tuer. Donc il choisit des gens qui probablement évoquent symboliquement ses souffrances, et il les tue, parce que les barrières intérieures qui normalement empêchent un être humain de passer à l’acte ne fonctionnent pas chez lui. Soit du fait du délire, soit parce qu’elles n’ont jamais été mises en place.
Comment se mettent en place ces barrières ?
Un enfant, au début de sa vie, obéit à ses pulsions : quand il court par exemple, il bouscule tous ceux qui se trouvent sur sa trajectoire ; et il trouve cela parfaitement normal.
Ce sont les explications données par ses parents, et les limites qu’ils lui mettent, quotidiennement, qui lui permettent de comprendre que cela ne l’est pas ; que dans une société civilisée, on doit respecter les autres et les lois. Et donc d’apprendre peu à peu à se contrôler et à ne pas régler ses problèmes par des actes, mais par la parole.
Et cette éducation est essentielle parce que c’est elle qui lui permet de différencier peu à peu, dans sa tête, l’imagination, où tout est possible, de la réalité, où tout ne l’est pas.
Par rapport à tout cela, quel rôle peut jouer la légalisation des armes ?
Elle joue un très grand rôle parce qu’il est essentiel qu’un enfant sache que les règles que ses parents lui imposent correspondent à celles de la société (Il n’a pas le droit de frapper ses copains, mais personne n’a ce droit, et la loi d’ailleurs sanctionne les "coups et blessures"). Cela lui permet de prendre conscience de la force, et de l’importance des interdits.
Donc à l’inverse, comment un enfant peut-il comprendre, même si ses parents le lui expliquent, l’interdit du meurtre, s’il vit dans un pays où l’on peut acheter des armes, comme des bonbons, au supermarché ? La banalisation des armes banalise l’acte de tuer, et leur légalisation affaiblit l’interdit.
Elles pèsent donc sur l’éducation, mais favorisent aussi les passages à l’acte des gens qui vont mal, parce qu’elles sous-entendent une dangerosité du monde, qui peut valider leurs envies de tuer, et les leur rendent, de plus, faciles à réaliser. Et surtout parce que cette facilité leur permet, alors qu’ils ont déjà du mal à faire la différence entre leur imagination et la réalité, de glisser sans problèmes, de l’une à l’autre.
À regarder
-
Cookie, burger : le croissant à toutes les sauces
-
Sauvetage spectaculaire : hélitreuillé depuis l'Arc de triomphe
-
Retour de S. Lecornu : peut-il tenir ?
-
"Je ne l'ai pas tuée" : Cédric Jubillar réaffirme son innocence
-
Oeufs, à consommer sans modération ?
-
Ours : ils attaquent même dans les villes
-
Ce radar surveille le ciel français
-
On a enfin réussi à observer un électron !
-
"Manifestation des diplômés chômeurs, un concept marocain !"
-
Crise politique : "La dernière solution, c'est la démission du président de la République"
-
Le loup fait taire la Fête de la science
-
Les tentatives de suic*de en hausse chez les adolescentes
-
Défi chips : alerte dans un collège
-
Quand tu récupères ton tel à la fin des cours
-
Ukraine : le traumatisme dans la peau
-
Teddy Riner s'engage pour sensibiliser sur la santé mentale
-
Suspension de la réforme des retraites : les gagnants et les perdants
-
Ukraine : le traumatisme dans la peau
-
L'espoir renaît à Gaza après l'accord de cessez-le-feu
-
Une école pour se soigner et réussir
-
Taux immobiliers : est-ce le moment d'acheter ?
-
La panthéonisation de Robert Badinter
-
Cancer : des patientes de plus en plus jeunes
-
"Le Bétharram breton" : 3 établissements catholiques dénoncés par d'anciens élèves
-
Cessez-le-feu à Gaza : un premier pas vers la paix
-
Quand t'as cours au milieu des arbres
-
Il gravit la tour Eiffel en VTT et en 12 min
-
Pourquoi on parle de Robert Badinter aujourd'hui ?
-
Robert Badinter : une vie de combats
-
La tombe de Robert Badinter profanée à Bagneux
Commentaires
Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.
Déjà un compte ? Se connecter