C'est dans ma tête. Les aides sociales
Comment les plus démunis vivent-ils les aides apportées par l’État ? L’association "Mon revenu de base" a désigné par tirage au sort, vendredi 29 juin, l’un de ses membres. Il recevra 1000 euros par mois durant un an.
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L’association "Mon revenu de base", qui soutient l’idée d’un revenu universel, a désigné hier soir, vendredi 29 juin, par tirage au sort, l’un de ses membres qui recevra pendant un an, 1000 euros par mois. Une action qui pose, une fois de plus, la question de l’aide apportée par l’État aux plus démunis. La psychanalyste Claude Halmos décrypte cette question.
Comment cette aide est-t-elle ressentie par les bénéficiaires ?
Quels effets peut-t-elle avoir sur eux ?
Chaque bénéficiaire vit l’aide qu’il reçoit en fonction de sa problématique personnelle. Mais en fonction, aussi, de la façon dont cette aide est perçue par la société.
Vous pouvez nous expliquer cela ?
Pendant très longtemps, les pauvres ont été considérés comme des victimes du système économique. Ils suscitaient de la compassion et on se sentait, par rapport à eux, une responsabilité. En 1988, par exemple, quand le RMI (le revenu minimum d’insertion) a été créé, 9 français sur 10 s’y sont dit favorables, alors qu’il entraînait d’importantes dépenses publiques. Mais, à partir des années 2000, on a vu se développer l’idée que ce ne serait pas la société qui serait responsable de la pauvreté, mais les pauvres eux-mêmes. On a commencé à les accuser d’incapacité et de paresse. Et, à partir de là, la porte a été ouverte pour que les bénéficiaires des aides puissent se sentir stigmatisés, dévalorisés et même coupables.
Est-ce que bénéficier d’aides sociales peut rendre, comme certains l’affirment, passif ?
Il faudrait préciser ce que l’on entend par « passif ». Se sentir dévalorisé peut conduire quelqu’un à penser qu’il n’arrivera jamais à sortir de ses difficultés. Et que ce n’est donc pas la peine qu’il continue à se battre. L’échec social répété peut conduire à la dépression. Et on le voit malheureusement trop souvent dans le cas de chômeurs de longue durée qui, faute de travail, finissent par penser qu’ils n’ont plus aucune valeur sur le marché de l’emploi, et se replient sur eux-mêmes. Mais ce n’est pas à ces états dépressifs que les gens qui, dans notre société, contestent les aides, au nom de la passivité qu’elles induiraient, font référence.
De quoi parlent-ils alors ?
Ils défendent, en général, l’idée que les aides seraient un facteur de passivité, parce qu’elles conduiraient les bénéficiaires à se dire que, puisqu’on les paye à ne rien faire, ils n’ont plus aucun besoin de travailler. C’est une idée très méprisante mais surtout très fausse. Parce que ceux qui la défendent oublient d’une part que les aides sociales ne permettent pas de vivre, mais seulement de survivre (il suffit de regarder les chiffres). Et, d’autre part, qu’avoir droit à un travail est la revendication de la très grande majorité des chômeurs car, au-delà même de l’argent qu’il rapporte, un travail - parce qu’il est le moyen de se sentir dans la société une place légitime, égale à celle des autres- est un facteur essentiel de dignité et d’estime de soi.
Est-ce qu’il y aurait des choses à faire pour améliorer l’utilisation des aides sociales ?
Il faudrait, je crois, deux choses : il faudrait, d’une part, travailler à changer le regard de la société sur ces aides, et donc sur la pauvreté et ses causes. Et, d’autre part, faire que ces aides soient, pour les bénéficiaires, un véritable tremplin vers une nouvelle vie. Ce qui supposerait qu’elles puissent être accompagnées d’un véritable soutien psychologique.
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