C'est dans ma tête. Le suicide et sa médiatisation
On a reparlé du suicide lors du procès de France-Télécom. Le fait de médiatiser des suicides, peut-il pousser certains à passer à l’acte ?
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On a reparlé du suicide à l’occasion de l’ouverture du procès de France- Télécom, des déclarations de son Président sur "la mode" des suicides dans son entreprise. Et, par ailleurs, une étude a évoqué (sans toutefois en apporter la preuve), aux USA, une recrudescence des suicides, chez les 10-17 ans, à la suite de la diffusion, sur Netflix, de la série "13 reasons why", qui met en scène le suicide d’une adolescente.
franceinfo : Le fait de médiatiser des suicides, peut-il pousser des personnes à passer à l’acte ?
Claude Halmos : Je crois qu’il faut distinguer la question du suicide des adolescents, de celle des suicides dans une entreprise. Et par ailleurs poser que parler, à ce niveau, de "mode" est non seulement insupportable, mais totalement inapproprié. Puisque cela supposerait que l’on puisse conduire des gens à choisir la mort, comme on les conduit à choisir la forme d’un jean. Cela ne tient pas debout.
Mais la médiatisation des suicides peut-elle néanmoins avoir un effet ?
Bien sûr. Et un sociologue américain, David Philipps, l’a expliqué en 1974, en parlant "d’effet Werther", en référence à un livre de Goethe, dont le héros se suicidait, et qui avait entrainé des suicides. On sait que le fait de médiatiser le suicide de femmes et d’hommes connus, et même moins connus, peut favoriser les passages à l’acte. Parce que des personnes en détresse peuvent s’identifier à eux. Et en venir à penser qu’une idée qui leur semblait lointaine, est en fait réalisable.
Il y a donc bien un danger de la médiatisation ?
Oui. Et l’OMS a d’ailleurs fait des recommandations : éviter à la fois le sensationnalisme, la banalisation des suicides, et les détails sur les lieux et les méthodes ; et rappeler les aides qui existent. Et il faut être particulièrement prudent avec les adolescents, qui sont dans une période de bouleversements et de mutations, où la vie et la mort, comme l’imaginaire et la réalité étant pour eux très proches, le passage à l’acte est facilité.
Mais, cela étant posé, ce n’est jamais parce qu’une personne –adolescente ou adulte- entend parler de suicide, qu’elle se suicide.
Pourquoi alors, peut-on en arriver à se suicider ?
Il faudrait toujours pouvoir demander, à quelqu’un qui veut se suicider, qui il veut tuer, en se tuant. Parce qu’on se suicide toujours pour tuer non pas celui ou celle que l’on est réellement, mais celui, ou celle que l’on croit être. C’est à dire que, pour en arriver à se tuer, il faut avoir de soi, et de sa vie, une image tellement mauvaise que la seule solution que l’on puisse imaginer soit de la détruire, en se tuant. Et c’est souvent le cas des personnes harcelées, dans leur vie privée ou professionnelle. Parce que la jouissance des harceleurs est toujours de détruire, méthodiquement, l’image que leurs victimes ont d’elles-mêmes : le harcèlement est une forme de mise à mort psychique. Les salariés harcelés ne se suicident donc pas à cause des médias. Ils se suicident parce que ce qu’on leur a fait vivre les a détruits.
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