Le modèle japonais de réinsertion des prisonniers est-il meilleur qu'ailleurs ?

Au japon, en plus des fonctionnaires qui encadrent la sortie de prison de ses détenus, le pays s'appuit sur important réseau de volontaires pour les réinsérer. Si ce modèle est souvent pris en exemple, son efficacité est difficile à mesurer.

Article rédigé par Yann Rousseau
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Un surveillant dans la prison de Fuchū, au Japon, en février 2024. (RICHARD A. BROOKS / AFP)
Un surveillant dans la prison de Fuchū, au Japon, en février 2024. (RICHARD A. BROOKS / AFP)

Les Nations unies vont présenter avant la fin du mois de janvier 2025 des recommandations sur la prévention de la criminalité dans le monde. Les experts doivent proposer de s'inspirer d'un modèle très original développé au Japon. Le pays a mis en place un réseau de dizaines de milliers de volontaires qui accompagnent gratuitement tous les gens sortant de prison.

Le Japon est souvent présenté en modèle de la lutte contre la délinquance ou la criminalité. Le pays est extrêmement sûr. Il y a très peu d'homicides. Il y a moins de 1 000 meurtres par an dans une population de plus de 125 millions de personnes. Il y a très peu de vol avec violence ou de cambriolage. On dénombre seulement, dans l'archipel, 5 700 vols de véhicules par an, contre 70 000, en France. Plusieurs facteurs, notamment culturels ou socio-économiques, expliquent ces différences, mais Tokyo est assez convaincu que son système d'encadrement des personnes libérées de prison est l'une des bonnes recettes.

Un réseau de 47 000 volontaires

Le Japon a, comme tous les pays, un réseau de fonctionnaires qui encadrent la sortie de prison de ses détenus. C'est un millier de conseillers professionnels en insertion et probation. Mais le Japon s'appuie surtout sur ce que l'on appelle des "hogoshi". Il s'agit de 47 000 citoyens, volontaires, qui acceptent de suivre, de manière totalement bénévole, des anciens détenus.

Ces "hogoshi" sont enregistrés auprès des services de justice de l'État qui ne dépense presque rien pour leur travail. Le gouvernement ne prend en charge que certaines de leurs dépenses s'il y en a. Les "hogoshi" demandent d'ailleurs expressément à ne pas être rémunérés. Les responsables de leur réseau expliquent que leur mission est un acte d'altruisme et de confiance en l'humanité.

Un taux de récidive équivalent à celui de la France

Les "hogoshi" rencontrent régulièrement les détenus quel que soit leur passé criminel. Souvent, ils habitent dans le même quartier qu'eux. L'idée est de les réinsérer en douceur dans la communauté, de tout faire pour qu'ils ne soient pas ostracisés. Les détenus peuvent être de petits voleurs ou des lieutenants de yakuzas. Ils les retrouvent autour d'un thé ou d'un café à la maison. Ils les aident parfois à trouver un emploi. Si l'ancien détenu a un coup de mou, leur ligne téléphonique est toujours ouverte.

Le gouvernement japonais est convaincu que ce système a beaucoup d'avantages et que le pays arrive, mieux que d'autres, à réinsérer dans la société ses anciens délinquants. D'ailleurs, le Japon a déjà exporté ce concept d'officiers de probation bénévoles aux Philippines et en Thaïlande. Il est, toutefois, assez compliqué d'avoir une mesure statistique de l'efficacité exacte des hogoshi. Si on compare les taux de récidive, celui du Japon est, au final, à peu près au même niveau qu'en France.

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