Le Japon tente la culture du riz en champ sec

Face à la pénurie de main d’œuvre, de plus en plus d’agriculteurs japonais expérimentent la culture du riz en champ sec. Les premiers résultats sont plutôt encourageants. Ils ont gagné en productivité et économisé une quantité d'eau importante.

Article rédigé par Yann Rousseau
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Un agriculteur récolte du riz avec une moissonneuse-batteuse dans une rizière lors d'une journée de température extrêmement élevée le 29 août 2025 à Tanbasasayama, préfecture de Hyogo, au Japon. Photo d'illustration (BUDDHIKA WEERASINGHE / GETTY IMAGES ASIAPAC)
Un agriculteur récolte du riz avec une moissonneuse-batteuse dans une rizière lors d'une journée de température extrêmement élevée le 29 août 2025 à Tanbasasayama, préfecture de Hyogo, au Japon. Photo d'illustration (BUDDHIKA WEERASINGHE / GETTY IMAGES ASIAPAC)

C’est une petite révolution agricole qui se développe en Asie. La riziculture traditionnelle se pratique dans de grands champs complètement inondés, où les jeunes pousses de riz restent en permanence dans l’eau. Cela crée ces paysages de rizières parfaites, d’un vert éclatant, à l'instar des rizières en terrasse à Bali, en Indonésie. Bien que beau et efficace en termes de rendement, c’est également un travail particulièrement pénible qui nécessite, par ailleurs, énormément de main d’œuvre.

Les graines sont d'abord semées dans une sorte de pépinière. Quand les plants ont quelques semaines, ils sont repiqués un à un, parfois à la main, dans la rizière totalement inondée. Il faut ensuite surveiller attentivement le niveau d’eau. Lorsque le riz atteint sa maturité, la rizière est drainée et la récolte peut enfin commencer.

Environ 60% de travail en moins

Des agriculteurs souhaitent, désormais, passer outre plusieurs de ces étapes en faisant pousser leur riz dans des champs secs. En ce moment, plusieurs expériences sont menées. Au début du mois, une première récolte en champ sec a eu lieu dans la région de Niigata, à l’ouest du Japon. Les agriculteurs ont choisi une variété de riz particulièrement résistante à la chaleur et à la sécheresse. Ils n’ont pas eu besoin de faire pousser les plants à la ferme avant de les repiquer : les graines ont été directement semées dans le sol. L’arrosage a été nécessaire, mais avec une quantité d’eau bien moindre que d’habitude.

La récolte récente est jugée plutôt bonne. Certes, le rendement reste légèrement inférieur à celui d’une rizière inondée, mais le temps de travail économisé est significatif. En clair, à production équivalente, la culture en champ sec demande environ 60% de travail en moins. Il s'agit d'un argument de poids pour l’agriculture japonaise. Avec l’effondrement démographique, le pays manque de main d’œuvre pour cultiver ses terres. Les agriculteurs encore en activité ont en moyenne 69 ans, et ne peuvent plus fournir le même effort qu’autrefois.

D’autres pays asiatiques s’intéressent aussi à cette technique. C’est le cas notamment au Vietnam, en Inde ou encore dans le nord de la Chine. Dans ces cas, il ne s'agit pas d'une réponse au manque de main d’œuvre, mais plutôt une réaction au changement climatique et à l’inquiétude grandissante quant à l’avenir des ressources en eau.

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