Famille, immigration... le profil très conservateur de Sanae Takaichi, future Première ministre japonaise

Le Japon aussi se prépare à avoir une nouvelle équipe gouvernementale. La future Première ministre a été désignée ce week-end et elle a un profil plutôt radical.

Article rédigé par Yann Rousseau
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Sanae Takaichi, la nouvelle dirigeante élue du parti au pouvoir au Japon, le Parti libéral-démocrate (PLD), lors d'une conférence de presse à Tokyo, le 4 octobre 2025. (YUICHI YAMAZAKI / POOL / AFP)
Sanae Takaichi, la nouvelle dirigeante élue du parti au pouvoir au Japon, le Parti libéral-démocrate (PLD), lors d'une conférence de presse à Tokyo, le 4 octobre 2025. (YUICHI YAMAZAKI / POOL / AFP)

C’est un symbole très fort au Japon. Une femme a emporté, samedi 4 octobre, pour la première fois de l’histoire, la présidence du plus grand parti politique du pays, le PLD, le parti libéral démocrate. C’est la grande formation de droite qui domine la vie politique du Japon depuis plus de 70 ans. Il n’a pas majorité absolue au Parlement, mais il dirige, avec plusieurs alliés, la coalition qui gouverne le pays et donc traditionnellement le leader du parti devient dans la foulée Premier ministre. C’est ce qui va se passer à la mi-octobre avec Sanae Takaichi, qui est devenue la patronne de la droite japonaise avec un agenda plutôt radical.

Elle représente l’aile la plus conservatrice du PLD. Sanae Takaichi tranche avec les deux précédents Premiers ministres japonais qui venaient du même parti mais qui était, eux, plus progressistes. D’ailleurs l’un de ces anciens Premiers ministres l’a baptisé, en coulisse, "la talibane", tellement elle est ultra. Elle a 64 ans, elle est élue depuis 1993, a été ministre plusieurs fois, et elle a toujours défendu une ligne dure sur tous les plans.

Valeurs familiales traditionnelles et immigration

À l’international, elle est très critique de la Chine et elle présente Taiwan comme un ami précieux du Japon. Sur les questions sociétales, elle ne s’intéresse absolument pas au combat pour l’égalité des genres. Elle ne veut, par exemple, pas autoriser les femmes à garder leur nom de jeunes filles, car cela serait contre les valeurs familiales traditionnelles. Bien sûr, comme toute la droite japonaise, elle est totalement opposée au mariage pour tous.

Elle tient aussi un discours très dur sur l’immigration, accuse les étrangers de manquer de savoir vivre ou de générer de la délinquance. Elle a d’ailleurs axé sa campagne sur ce sujet en racontant que les touristes étrangers étaient violents avec les cerfs des parcs de la ville de Nara, son fief électoral.

Un discours dur, mais pas de révolution

Mais Sanae Takaichi ne fait pas l’unanimité dans son parti et elle n’est pas très populaire dans l’opinion publique. Pour gouverner, elle va devoir composer avec d’autres barons de la droite et aussi avec tous les petits partis dont elle a besoin pour faire vivre sa coalition au Parlement.

Le discours va être très dur, mais dans la réalité, il n’y aura pas de révolution. Notamment, sur l’immigration, elle ne peut pas faire grand-chose. Le Japon perd presque un million d’habitants par an et il ne trouve plus de jeunes travailleurs japonais pour faire tourner les usines, les commerces, les chantiers ou les maisons de retraite du pays. Le gouvernement va donc continuer à faire entrer, chaque année, plus de 300 000 travailleurs étrangers.

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