États-Unis : les consommateurs se révoltent contre la prolifération de toute sorte de frais cachés
Les États-Unis déclarent la guerre aux "junk fees", une expression à la mode depuis 2023, en référence aux frais cachés mais souvent obligatoires. Ils peuvent faire monter le total d’une facture au restaurant, à l’hôtel ou pour un billet d’avion.
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Ceux qui ont déjà voyagé aux États-Unis ont sans doute remarqué que le prix affiché sur le menu d’un restaurant est différent du total payé, puisqu’il n’inclut pas, en général, les taxes locales et le service. Mais les "junk fees", sont encore autre chose.
"Fee", qu’on peut se traduire par "frais" ou "supplément", est un mot magique pour un commerce. Un mot y est souvent accolé, sans que l’on sache exactement à quoi cela correspond : la "convenience fee" ou la "processing fee" sont des classiques du genre, l’équivalent des frais de dossier.
De nombreux témoignages dans la presse
Dans l’Utah, le client d’un restaurant n’a pas voulu payer une "surcharge pour le coût du bœuf", raconte USA Today. Ce qui se comprend puisqu'il avait commandé du poulet. Il a dû batailler pour annuler la surcharge. Dans le Michigan, un restaurant a ajouté une "inflation fee" de 4 dollars par addition, pour compenser la hausse des prix. C'est plus simple qu’imprimer un menu avec des nouveaux prix. L’association nationale des restaurants déclare que 16% de ses membres ont ajouté un supplément à payer en 2023.
Un hôtel de Los Angeles impose une "urban fee" de 30 dollars par jour, pour couvrir l’accès à Internet, au téléphone et la livraison d’un journal. À Chicago, le client d’un autre hôtel a demandé pourquoi il devait s’acquitter d’une "transaction fee" de 3%. On lui a expliqué que cette "fee" était due aux frais bancaires associés au paiement par carte. Il a répondu qu’il allait payer en liquide. "Oui mais non, il faut payer quand même", s’est-il entendu dire.
Dernier exemple, cité par le Wall Street Journal : l’envoi d’une simple enveloppe avec FedEx est grimpé à 38 dollars, une fois ajouté un supplément "pour l’essence" et un supplément "pour récupérer le courrier soi-même à l’arrivée".
Un surcoût estimé à 650 dollars par foyer en moyenne
À l'arrivée, la somme est énorme. La Maison Blanche a donné une estimation de 90 milliards de dollars par an, payés par les Américains en junk fees. Cela revient à 650 dollars par foyer. Acheter un billet de concert en ligne, plutôt que directement au guichet de la salle de spectacle, peut coûter jusqu’à 21% de plus que le prix de la place, toujours d’après un communiqué de la Maison Blanche. Pour une société de livraison de nourriture, en 2021, les junk fees représentaient 15% du total facturé, soit 1,3 milliard de dollars de revenus sur l’année.
Au-delà des prix élevés, ce qui est extrêmement agaçant pour le consommateur, c’est de ne pas savoir combien il va payer au total et aussi le sentiment d’être piégé avec un prix d’appel bas. Lors d'une recherche en ligne, tous ne renoncent pas forcément à la fin de la transaction, car chercher un autre hôtel, un autre restaurant ou un autre vol prend du temps pour un résultat incertain.
Heureusement, l’administration Biden a décidé de réguler un peu la tendance, ce qui n’est pas étonnant. Parler du pouvoir d’achat à l’approche d’une élection en période de forte inflation est évidemment porteur. Cela se passe au niveau fédéral mais aussi à l’échelle des États. En Californie, les junk fees seront interdites à partir du 1er juillet 2024 dans la restauration. Les commerces du Minnesota sont eux aussi contraints par la loi désormais. Et puis, une mesure de l’administration Biden vise à forcer les compagnies aériennes de donner un prix détaillant clairement tout ce qu’il comprend. Elles font presque toutes payer un supplément bagage, même sur les vols domestiques, mais en mai, plusieurs compagnies aériennes ont attaqué en justice une mesure qu’elles estiment "arbitraire" et "capricieuse".
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