Aux États-Unis, une équipe de baseball remplace son coach par une intelligence artificielle, le temps d'un match

À Oakland, une équipe de baseball professionnelle a confié la gestion d’un match à une intelligence artificielle, AaronLytics, capable de décider de la composition, des remplacements et des choix tactiques.

Article rédigé par Loïc Pialat
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Les joueueurs de Oakland Ballers lors d'un match de baseball de la Pioneer League , en Californie, le mercredi 9 juillet 2025. (SAN FRANCISCO CHRONICLE/HEARST N / HEARST NEWSPAPERS)
Les joueueurs de Oakland Ballers lors d'un match de baseball de la Pioneer League , en Californie, le mercredi 9 juillet 2025. (SAN FRANCISCO CHRONICLE/HEARST N / HEARST NEWSPAPERS)

Faut-il ajouter à la longue liste d’emplois que l’intelligence artificielle pourrait remplacer, un jour, les entraîneurs d’un club professionnel ? Au début du mois de septembre, à Oakland, près de San Francisco, c’est en tout cas l’IA qui a pris les décisions pendant un match des Ballers, une équipe professionnelle de baseball.

Cette équipe possède une histoire un peu particulière. C’est toujours un peu étonnant vu de France, mais ici, on parle de franchises plus que de clubs de sport. On n’imagine pas l’Olympique de Marseille devenir l’Olympique de Brest, par exemple. Mais aux États-Unis, les franchises peuvent déménager. Il y a deux ans, le propriétaire de l’équipe de baseball d’Oakland, les A’s, l’a délocalisée à Las Vegas, laissant beaucoup de supporters déçus. Ces derniers se sont mobilisés pour créer un nouveau club : les Ballers. Les "B’s", surnom en référence aux A’s, évoluent dans une ligue inférieure, dans un plus petit stade, mais au moins, c’est à Oakland et les fans se sentent respectés. En 2024, ils avaient pu eux-mêmes, le temps d’une rencontre, remplacé l’entraîneur grâce à une application sur leur téléphone. Cette année, c’est une intelligence artificielle, développée en deux semaines par une start-up de Los Angeles, qui s’en est chargée lors du match contre les Great Fall Voyagers début septembre. 

Des choix guidés par les données historiques de l'équipe

L’intelligence artificielle a décidé quels joueurs titulariser sur le terrain, quand remplacer le lanceur – dont le bras peut se fatiguer – ou encore comment positionner la défense. Tout cela en s’appuyant sur des données historiques et en temps réel concernant les joueurs et la météo. Le baseball est, entre autres, un sport de statistiques. Le logiciel s’appelle d’ailleurs AaronLytics, un mélange d’"analytique" et d’ "Aaron", le prénom de l’entraîneur, Aaron Miles. Le programme a en effet été entraîné en partie sur ses décisions lors de matchs précédents. Miles, ancien joueur de MLB, la grande ligue professionnelle de baseball, était bien présent sur le banc, une tablette à la main, sans vrai rôle à jouer mais prêt à intervenir s’il craignait qu’un joueur se blesse. De toute façon, l’enjeu sportif était limité. L’équipe avait beaucoup d’avance au classement.

Contrairement à l’an dernier, quand les supporters avaient joué aux entraîneurs, les Ballers ont gagné.  "Pas étonnant", a réagi le coach – l’humain – puisque l’IA s’est appuyée sur son travail, et qu’avec lui, l’équipe a remporté 75% de ses matchs. L’expérience l’a amusé. Il ne pense pas que l’intelligence artificielle pourra le remplacer, car un entraîneur est aussi un manager. Il doit gérer l’humain, la baisse de forme d’un joueur, ou encore les tensions dans le groupe. En revanche, l’IA peut l’assister dans l’analyse de toutes les données qui circulent dans ce sport. C’est un outil, comme on l’entend dans d’autres secteurs dès que l’intelligence artificielle y fait son apparition. En tout cas, AaronLytics a été « "licencié" dès le lendemain. L’annoncer a été facile." Il n’a pas de sentiments", a plaisanté le copropriétaire.

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