Aux États-Unis, les policiers commencent à utiliser l'intelligence artificielle pour rédiger leurs rapports

L'avantage est évident : moins de temps passé sur la paperasse, c'est plus de temps à patrouiller. Pour autant, quelles précautions prendre par rapport aux "hallucinations" de l'IA ?

Article rédigé par Loïc Pialat
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Avec le temps gagné sur la paperasse grâce à l'IA, il y aura plus de policiers sur le terrain, misent les autorités américaines (photo d'illustration). (MARK RALSTON / AFP)
Avec le temps gagné sur la paperasse grâce à l'IA, il y aura plus de policiers sur le terrain, misent les autorités américaines (photo d'illustration). (MARK RALSTON / AFP)

Un logiciel appelé Draft one intéresse fort les polices américaines. Du Maine sur la côte atlantique jusqu’à Hawaï, des agents commencent à s'en servir, ou envisagent de l’utiliser. Ce logiciel a été développé à partir du désormais célèbre ChatGPT par la firme Axon, la société derrière le taser et les body cameras sur les uniformes des policiers. Et l'idée est justement qu'après une intervention, l’agent télécharge la vidéo enregistrée par sa caméra. Le logiciel Draft One se charge ensuite de retranscrire l’intéraction avec la personne interpellée et de formaliser le rapport. Le policier n’a plus qu’à relire pour en valider le contenu.

À Eagan, ville de 70 000 habitants dans le Minnesota, le coût du logiciel est estimé à 150 dollars par an et par agent. Mais la méthode représente un énorme gain de temps. Un agent de Fort Collins, dans le Colorado, explique à CNN, que la rédaction d’un rapport pouvait lui prendre jusqu’à 45 minutes. Avec Draft One, c’est seulement 10 minutes. Axon ne va pas aussi loin, son logiciel diviserait en moyenne par deux le temps de rédaction du rapport, avec, par ailleurs, plus d’homogénéité dans l’écriture d’un document à l’autre. Conséquence, disent les autorités, le policier, qui rédige souvent le rapport dans sa voiture sur le bord de la route, va retourner patrouiller plus rapidement. Pour résumer, l’intelligence artificielle signifie moins de temps passé sur la paperasse et donc plus de temps dans la rue à protéger et servir ses concitoyens. 

Des craintes basées sur la fiabilité de l'IA, encore incertaine

Cependant l’IA fait souvent polémique, ou inquiète parfois. Et dans cette utilisation, elle ne fait pas exception, parce qu’un rapport de police ne constitue pas qu’une archive. Un avocat de la défense peut en avoir besoin pour comprendre ce qu’il s’est passé avec son client. Alors en confier la rédaction à l’intelligence artificielle pose question. La technologie est nouvelle. On sait que l’IA "hallucine" parfois, c'est le mot utilisé pour décrire ses éventuelles erreurs grossières. Est-ce qu’elle est capable, par exemple, de retranscrire correctement un accent, comme celui du sud des États-Unis, qui est très fort. Que se passe-t-il si la personne interpellée ne parle pas bien anglais ou si l’IA interprète mal une phrase en ne voyant pas, par exemple, que le ton traduit de la tension entre les interlocuteurs ? Le policier est censé relire le rapport et le valider mais va-t-il le relire en détails ? La Californie et l’Utah imposent en tout cas de mentionner systématiquement dans le rapport qu’il a été écrit avec l’assistance de l’intelligence artificielle, dans un souci de transparence. 

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