Au Japon, raconter la fin d'un film peut vous valoir une amende, voire une peine de prison

Un auteur qui travaillait pour un site internet spécialisé dans les films vient d’être condamné à une amende de 3 000 euros. Son employeur est encore en procès. Tous les deux sont accusés de ne pas avoir respecté la loi sur les droits d’auteur.

Article rédigé par Yann Rousseau
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Au Jpon, un simple texte peut être vu comme une violation de la loi des droits d’auteur. Photo d'illustration. (GETTY IMAGES)
Au Jpon, un simple texte peut être vu comme une violation de la loi des droits d’auteur. Photo d'illustration. (GETTY IMAGES)

Quand raconter la fin d'un film peut vous coûter très cher. Au Japon, "spoiler" peut vous faire écoper d'une amende voire vous conduire en prison. C’est ce qui vient d’arriver à un auteur qui travaillait pour un site internet spécialisé dans les films et les mangas japonais.

Ce n’est pas vraiment un critique de film, mais une sorte de rédacteur qui est payé, à la pige, c’est-à-dire à l’article, pour faire des résumés de films très précis. Pour le site internet, il était allé avoir en salle le film Godzilla minus One. C’est une production japonaise avec un budget plutôt modéré qui avait très bien marché en 2024 et qui avait même obtenu l’Oscar des meilleurs effets spéciaux.

Accusés de non respect des droits d'auteurs

Quelques heures après avoir vu le film, l’auteur avait raconté l’histoire en ligne en décrivant toutes les scènes importantes et même des dialogues. Surtout, il avait détaillé la fin de Godzilla. Quelques mois après, la police était venue l’interpeller chez lui dans une ville au nord de Tokyo. Il avait été mis en examen. Il vient, tout juste, en ce mois d'octobre, d’être jugé et condamné à une amende de 500 000 yens, c’est-à-dire presque 3 000 euros.

Son employeur, qui dirigeait le site internet est, lui, toujours en procès. Sa peine pourrait être plus lourde, car sa plateforme abritait des centaines de résumés de films et de mangas. Bien sûr, il gagnait de l’argent en vendant de la publicité sur le site. Il est accusé, comme le rédacteur, de ne pas avoir respecté la loi sur les droits d’auteur.

Les spoilers reconnus comme "concurrence déloyale"

Ils ne volent aucune image, aucun son. Ils font simplement des descriptions presque scène par scène des films, des séries télévisées et des mangas. Plein de sites proposent ce type de contenus au Japon. On les appelle les sites netabare, les sites spoilers. Ils visent les spectateurs qui veulent connaître toutes les histoires en détail, mais qui ne veulent pas payer les billets d’entrée au cinéma, les abonnements télé ou les bandes dessinées à la librairie.

Un simple texte peut donc maintenant être vu comme une violation de la loi des droits d’auteur. Ce sont les producteurs de cinéma et les maisons d’édition qui ont repérés cette nouvelle mode et qui ont donc poussé les autorités à durcir la législation. Maintenant, au Japon, la loi punit la reproduction non autorisée de "portions substantielles" d'œuvres, y compris ces transcriptions simplement textuelles. Les spoilers détaillés sont maintenant reconnus comme une "concurrence déloyale" qui diminue les ventes. Ils sont donc interdits.

Commentaires

Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.