Au Japon, la ville de Toyoake impose un couvre-feu numérique avec deux heures maximum par jour sur les smartphones

La ville japonaise de Toyoake a voté un décret limitant à deux heures par jour l’usage du smartphone. L'objectif est de lutter contre l’absentéisme scolaire et les troubles du sommeil liés à l’addiction aux écrans.

Article rédigé par Yann Rousseau
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Au Japon, les personnes âgées de 15 à 59 ans passaient en moyenne 5 heures et 20 minutes en ligne chaque jour. (Photo d'illustration). (SOPA IMAGES / LIGHTROCKET)
Au Japon, les personnes âgées de 15 à 59 ans passaient en moyenne 5 heures et 20 minutes en ligne chaque jour. (Photo d'illustration). (SOPA IMAGES / LIGHTROCKET)

Toyoake, une ville de 70 000 habitants, dans le centre du Japon, juste au sud de Nagoya a décidé de s’impliquer davantage dans la santé mentale de sa population. Elle vient de voter un décret qui limite le temps que ses habitants peuvent passer sur leur smartphone. Dorénavant, ce sera deux heures maximum par jour sur les réseaux sociaux ou les jeux vidéo. C'est la première fois qu’une ville au Japon tente de réglementer ce temps passé chaque jour sur les téléphones portables.


Le décret a été adopté mi-septembre par le conseil municipal de Toyoake. Pour justifier son initiative, la mairie a expliqué qu’elle avait constaté une hausse de l’absentéisme dans les différentes écoles de la ville. Elle estime que les enfants sèchent les cours ou arrivent en retard le matin, car ils sont épuisés. Selon les élus, cet épuisement est lié à une addiction aux smartphones. Si aucune statistique spécifique n'existe pour cette ville, la dernière étude nationale sur le sujet au Japon a montré que les personnes âgées de 15 à 59 ans passaient en moyenne 5 heures et 20 minutes en ligne chaque jour, dont seulement deux heures pour le travail ou les études, le reste étant consacré à du divertissement pur et simple. La mairie estime que c’est beaucoup trop pour la santé mentale de ses habitants, quel que soit leur âge. Elle affirme surtout que cela nuit énormément à la qualité et à la quantité de leur sommeil. D’où l’idée de réglementer cet usage à partir du 1er octobre.

Les consignes diffusées en ville 

En réalité, la mairie ne peut pas contrôler directement le temps passé sur un smartphone. Elle ne peut pas non plus appliquer de pénalités ou d’amendes aux contrevenants. Elle prévoit de diffuser les nouvelles consignes un peu partout dans la ville, notamment auprès des familles, mais surtout dans les écoles, collèges et lycées. Le décret stipule donc qu’on ne peut se divertir sur son smartphone que deux heures par jour au maximum. Il demande aussi aux enfants du primaire de ne plus toucher leur appareil après 21 heures. La limite pour les collégiens et lycéens est fixée à 22 heures. La mairie mènera ensuite des enquêtes dans les prochains trimestres pour voir si les comportements évoluent dans le bon sens.


D’autres institutions ont  essayé de restreindre cet usage au Japon. Peut-être pas aussi largement, mais une préfecture du pays, Kagawa, a fait passer une ordonnance pour tenter de limiter spécifiquement l’usage des écrans par les enfants. Dans ce cas, elle demande aux parents de limiter les jeux en ligne à une heure par jour en semaine, et à 90 minutes par jour le week-end. Pour l’instant, il n'existe pas d’études sérieuses montrant que ces consignes ont été réellement suivies.

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