Au Japon, des caméras corporelles mises à disposition des employés pour faire face à l'augmentation de la violence des clients

Initialement utilisées par la police, au Japon les caméras corporelles commencent à se répandre dans d’autres secteurs. Il ne s’agit plus de protéger les citoyens, mais les employés, de plus en plus souvent victimes des violences de la part de leurs clients.

Article rédigé par Yann Rousseau
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
La compagnie ferroviaire Seibu Railway vient de commencer à distribuer des petites caméras à ses employés qui travaillent dans 82 gares du pays, au contact direct du public. (photo d'illustration) (MATTHEW HORWOOD / GETTY IMAGES EUROPE)
La compagnie ferroviaire Seibu Railway vient de commencer à distribuer des petites caméras à ses employés qui travaillent dans 82 gares du pays, au contact direct du public. (photo d'illustration) (MATTHEW HORWOOD / GETTY IMAGES EUROPE)

Au Japon, les entreprises sont contraintes de réagir face à la recrudescence des agressions commises par des clients odieux. On parle de “kasuhara” pour désigner ce genre de violence, c’est-à-dire le harcèlement par les clients. Ils font des scandales dans un hôtel en raison de la poussière derrière une télévision ou hurlent sur les équipes, car ils ne trouvent pas le produit qu’ils étaient venus chercher. Ces clients ont souvent recours à des insultes ou des commentaires odieux. Ils filment tout avec leur smartphone, notamment les badges avec le nom des vendeurs, en menaçant de diffuser les images sur les réseaux sociaux.

Dans de nombreux cas, ils exigent également que les employés s’agenouillent devant eux, dans le magasin, pour présenter leurs excuses, obligeant les employés à s’exécuter. En 2024, le syndicat UA Zensen a mené une étude sur le sujet auprès de dizaines de milliers de travailleurs dans le secteur des services : 47% des sondés ont reconnu avoir été agressés, au moins verbalement, par des clients au cours des deux années précédentes.

Des caméras corporelles en réponse à la violence

Certaines entreprises estiment que les caméras corporelles pourraient aider à limiter ces abus. C’est notamment le cas dans le secteur des services et dans les transports en commun qui régulièrement font face à ces clients odieux. La compagnie ferroviaire Seibu Railway vient, par exemple, de commencer à distribuer ces petites caméras à ses employés qui travaillent dans 82 gares du pays, au contact direct du public. Il s’agit des mêmes caméras utilisées par la police : des petits boîtiers attachés au revers de leurs costumes. Ces appareils enregistrent à la fois l’image et le son, et une petite lumière rouge s’allume lorsqu’ils sont en fonctionnement. La direction espère que cela refroidira les clients trop agressifs, qui pourraient se calmer en comprenant qu’ils sont filmés. En cas de procès, l’entreprise disposerait d'arguments pour se défendre, les archives d’images étant conservées pendant plusieurs semaines.

Les sociétés qui vendent ces caméras, notamment le groupe Valtec, affirment que plein d’industries sont désormais intéressées. C’est le cas des compagnies de bus qui peuvent équiper leurs chauffeurs, ou dans le secteur des soins. Beaucoup d’accrochages sont signalés dans les hôpitaux du pays en raison de l'impatience de certains patients.

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