À Singapour, des robots pour pallier la pénurie de chiens guides

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Dans la cité-État, où seuls neuf chiens guides sont en service pour plus de 40 000 personnes atteintes de déficience visuelle, des chercheurs ont conçu un robot intelligent capable de guider les usagers en milieu urbain. Une réponse innovante à un problème mondial.

Yann Rousseau

Radio France

Publié le 16/05/2025 10:58

Temps de lecture : 2min

En France, on compte 1 millions 700 000 malvoyants ou aveugles. Cette pénurie de chiens d'assistance se retrouve partout dans le monde. (MALTE MUELLER/ Getty)

À Singapour, cité-État de six millions d’habitants, seules neuf personnes aveugles ou malvoyantes bénéficient actuellement d’un chien guide. Une situation paradoxale, alors que plus de 40 000 Singapouriens sont concernés par un handicap visuel.

Comme ailleurs, les obstacles sont multiples : le coût élevé, environ 25 000 euros par chien guide, incluant la formation de l’animal, l’accompagnement des usagers et les frais vétérinaires, ainsi que la complexité de l’entraînement. De plus, un chien guide prend sa retraite après huit ans de service en moyenne.

Un concentré de technologie à moindre coût

Face à ce constat, des chercheurs de l’Université nationale de Singapour ont décidé de développer une alternative technologique. Leur objectif : créer un robot capable de remplir les mêmes fonctions qu’un chien guide.

La première étape a consisté à mener des entretiens approfondis avec des personnes malvoyantes afin de comprendre leurs besoins spécifiques en matière de mobilité urbaine. Plusieurs concepts ont été envisagés, dont une canne blanche intelligente montée sur roues et équipée de caméras. Finalement, le choix s’est porté sur un robot quadrupède inspiré de la morphologie canine.

Le modèle retenu est une machine à quatre pattes, souvent sans tête, dotée d’un cylindre noir appelé "lidar". Ce capteur laser permet une navigation autonome en détectant les obstacles, comme c’est le cas pour certaines voitures autonomes. Fabriqués en Chine, ces robots coûtent environ 3 000 euros l’unité.

Des tests en conditions réelles avant un déploiement

Les chercheurs singapouriens les ont ensuite dotés d’un ordinateur de bord et de puces électroniques leur permettant d’analyser leur environnement, d’interagir vocalement avec l’utilisateur, et de suivre des itinéraires. Le robot se tient en laisse, comme un chien traditionnel, et peut être guidé à la voix pour se rendre à une adresse précise.

Ces robots guides sont actuellement testés sur le terrain avec des personnes malvoyantes à Singapour. Les phases d’expérimentation permettent d’entraîner les machines à reconnaître différents environnements, notamment les supermarchés et les espaces verts. Si les résultats sont concluants, une distribution plus large est envisagée, tant à Singapour qu’à l’international.