Penn Sardin et ovalistes

Du côté des bandes dessinées, ça revendique cette semaine avec "Le Chœur des sardinières", de Léah Touitou et Max Lewko, et "La Fabrique des insurgées", de Bruno Loth.

Article rédigé par franceinfo, Jean-Christophe Ogier
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
De la Bretagne à Lyon, elles luttent pour leurs droits (LEAH TOUITOU + MAX LEWKO, STEINKIS / BRUNO LOTH, DELCOURT)
De la Bretagne à Lyon, elles luttent pour leurs droits (LEAH TOUITOU + MAX LEWKO, STEINKIS / BRUNO LOTH, DELCOURT)

En exergue du Chœur des sardinières on trouve un proverbe breton : « Un fil casse rapidement, cent et mille font corde ». C’est tout l’objet de ce récit qui raconte la lutte des ouvrières qui à l’hiver 1924, dans le grand port sardinier de Douarnenez, menèrent une grève de six semaines pour obtenir une modique augmentation de salaire et une amélioration toute relative de leurs conditions de travail.

Une grève exemplaire

Parce que ces femmes qui n’ont jamais eu leur mot à dire - même chez elles où l’homme règne en maître, ces femmes de tous âges - on travaille à l’usine de 12 à 80 ans, corvéables à merci - il faut évidemment rappliquer dès l’arrivée d’un bateau, sans heures majorées même la nuit, ces femmes ont, souvent pour la première fois, réussi à défier leurs patrons.

Le dessinateur Max Lewko, Breton de cœur, a eu l’envie d’en faire une bande dessinée.

"Depuis que je suis adolescent j’entends parler de la ville rouge, d'une ambiance de révolte qui imprègne toujours Douarnenez aujourd’hui."

Le dessinateur Max Lewko,

à franceinfo

Pour mener à bien son projet, Max Lewko a sollicité la scénariste Léah Touitou, laquelle a fait naître Marie, Joséphine, Soazig, Anne, toutes Penn Sardin, comme on les appelait, d’une des vingt-trois conserveries que comptait la ville. Jusqu’au jour où dans les rues, le drapeau rouge a flotté au-dessus d’une marée de coiffes blanches. La grande grève des sardinières de Douarnenez, on en parlera jusqu’à Paris, ce qui en 1924 n’est pas banal. Des syndicalistes et des ténors du Parti communiste viendront les soutenir. C’est joliment dessiné, d’un trait nerveux et on y chante à pleine page.

Le Chœur des sardinières, de Léah Touitou et Max Lewko, aux éditions Steinkis

Le chant des sardinières, par Hervé Cudennec et Kristin David

Les femmes, déjà, à Lyon

Celles-ci travaillaient dans les filatures de soie. On les appelait les ovalistes. Douze heures par jour derrière les roquets, les bobines. Pas vraiment le temps de manger et pour dormir on s’entasse dans des dortoirs collectifs installés dans l’usine même. En 1869, ces femmes déclencheront une grande grève qui ne donnera que de maigres résultats, mais restera une date importante des luttes sociales.

La Fabrique des insurgées, 1869 : la première grève d’ouvrières, de Bruno Loth, aux éditions Delcourt.  

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