Les fantômes du franquisme

L'Abîme de l'oubli est une enquête historique sur l’Espagne contemporaine. Par devoir de mémoire, Paco Roca et Rodrigo Terrasa se penchent sur les milliers de fosses communes qui témoignent des violences de la dictature du général Franco.

Article rédigé par Jean-Christophe Ogier
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Comme Lazare, ils sortirent du tombeau. (PACO ROCA + RODRIGO TERRASA, DELCOURT)
Comme Lazare, ils sortirent du tombeau. (PACO ROCA + RODRIGO TERRASA, DELCOURT)

En Espagne, il a fallu 40 ans pour que la dictature s’éteigne et que la démocratie revienne. Les Espagnols disent qu’il a fallu 40 ans de plus pour que la démocratie se préoccupe de rendre leur dignité aux morts. Ceux qui gisent dans les milliers de fosses communes à travers le pays.

Une guerre civile qui n’en finissait pas

Les deux côtés de la guerre civile, Fascistes et Républicains, en ont creusé. Mais le pouvoir franquiste a continué cette sinistre besogne dans les années 1940, après la Seconde guerre mondiale, quand il menait une répression politique, sociale et religieuse particulièrement intransigeante.

Franco mort, l’Espagne est désormais démocratique et une loi sur la mémoire historique a été votée en 2007, il y a presque 20 ans. Mais rien n’est terminé, si l’on en croit le journaliste Rodrigo Terrasa qui signe avec le dessinateur Paco Roca L’Abîme de l’oubli.

"On manque encore de données sur cette période tragique de l’histoire espagnole. Toutes les fosses communes n’ont pas été ouvertes. De très nombreuses victimes, des deux côtés, n’ont pas été identifiées. C’est une anomalie démocratique."

le journaliste et scénariste Rodrigo Terrasa,

à franceinfo

De ce côté-ci des Pyrénées, on n’a pas encore vraiment pris la mesure de cette tragédie. Pourtant les chiffres parlent d’eux-mêmes. L’Espagne alliée de l'Allemagne nazie en 1940, c’est un million de prisonniers. Pareil en 1945, à la Libération. Le système de délation mis en place par les Franquistes locaux dans les villages a conduit à 50 000 exécutions dans les années qui ont suivi la fin de la guerre civile. Par dizaines de milliers, les prisonniers mourraient de faim, de froid et de maladie.

Les auteurs de L’Abîme de l’oubli ont construit leur récit en forme d’aller-retour entre aujourd’hui et hier. Sous le crayon semi-réaliste de Paco Roca, celles et ceux qui peuvent encore se souvenir témoignent et les martyrs fusillés ressortent des fosses communes, comme Lazare du tombeau.

L’Abîme de l’oubli, aux éditions Delcourt.

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