Garçon sensible et femme solide

Avec "Billy Lavigne", un cow-boy bouleversant de sensibilité exacerbée, Anthony Pastor signe le deuxième volume de sa trilogie western. De son côté, Glen Chapron met en scène "La Veuve", émouvante figure de femme créée par la romancière canadienne Gil Adamson.

Article rédigé par Jean-Christophe Ogier
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
A l'Ouest, du nouveau ! (GLEN CHAPRON, GLENAT / DAVID RATTE, BAMBOO / ANTHONY PASTOR, CASTERMAN)
A l'Ouest, du nouveau ! (GLEN CHAPRON, GLENAT / DAVID RATTE, BAMBOO / ANTHONY PASTOR, CASTERMAN)

Anthony Pastor aime à dire qu’il a beaucoup regardé les chevaux d’Eugène Delacroix avant de dessiner les siens. On s’en rend compte dès la couverture de Billy Lavigne où son personnage apparaît sur un grand Appaloosa à la robe tachetée.

Même les cow-boys ont le blues

Au fil des pages, les chevaux, omniprésents, galopent, ruent et se cabrent sous des ciels tourmentés où roulent des nuages bleus et mauves que Van Gogh n’aurait pas reniés. C’est dans ses paysages follement romantiques – arbres tordus, poussière au vent – qu’Anthony Pastor fait passer les sentiments exacerbés qui se bousculent dans la tête du héros, un garçon sensible au visage doux, qui vient de perdre sa mère.

"Je suis sûr que beaucoup de cow-boys étaient des garçons sensibles à qui on a trop dit d’être durs et forts en toutes circonstances, de ne pas pleurer en regardant l'horizon. Je veux leur donner la possibilité d’exprimer leur sensibilité trop longtemps refoulée."

l'auteur, Anthony Pastor,

à franceinfo

Tu peux pleurer, Billy, et réaliser que tu ne dois pas forcément devenir le cow-boy le plus parfait du ranch. Surtout quand les pères ne sont pas toujours aussi exemplaires qu’ils veulent le montrer.

Anthony Pastor a le don de dévoiler par touches tout au long du récit la personnalité des personnages qu’on y croise. Après le très remarqué La fille à l’étoile, Billy Lavigne est le deuxième volume de sa trilogie western, aux éditions Casterman.

Elle fuit, mais elle est forte

En noir et banc, avec de subtils dégradés de gris, jouant du clair-obscur, le dessinateur Glen Chapron fait preuve d’une belle maîtrise à l’encre de Chine pour élaborer sa bande dessinée d’après l’œuvre de la romancière canadienne Gil Adamson. La Veuve, c’est l’histoire d’une femme qui n’en finit pas de fuir après avoir assassiné son mari, méchant, violent et volage.

Dans la neige et le froid, au fond des bois, par-delà des cols difficiles à franchir, affrontant la peur et la faim, traquée, parviendra-t-elle à échapper à ses poursuivants ? Penché sur sa table à dessin, Glen Chapron l’a accompagnée pendant trois ans. On sent qu’il s’y est attaché, comme nous au fil de la lecture.

La Veuve, aux éditions Glénat.

Où il est question des procès d’animaux…

Ces procès étaient encore courants au début du XXe siècle. Ici, nous sommes aux États-Unis, où la justice n’hésitait pas à condamner à mort cochons, taureaux et même un éléphant qui, provoqués ou par maladresse, avaient blessé ou tué un être humain. Ainsi, le lecteur accompagnera le tranquille Jack Gilet, bourreau d’animaux de son état. Lequel, dans des paysages grandioses, exécute toujours la sentence par pendaison. Jusqu’à quand ?

À la Poursuite de Jack Gilet, de David Ratte, sous le label Grand Angle des éditions Bamboo.

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