Commémoration des 80 ans de la libération d'Auschwitz : "Avec la disparition des derniers témoins, on va perdre le sentiment que cette histoire n'est pas si loin de nous", estime le professeur d'histoire Iannis Roder

Iannis Roder, responsable des formations au Mémorial de la Shoah, était l’invité du “8h30 franceinfo”, lundi 27 janvier 2025. Commémoration des 80 ans de la libération d'Auschwitz. Il répondait aux questions de Jérôme Chapuis et de Salhia Brakhlia.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Iannis Roder était l’invité du “8h30 franceinfo”, lundi 27 janvier 2025 (FRANCEINFO/RADIOFRANCE)
Iannis Roder était l’invité du “8h30 franceinfo”, lundi 27 janvier 2025 (FRANCEINFO/RADIOFRANCE)

"Les derniers témoins disparaissent et avec eux, c'est la mémoire vivante de la déportation", explique lundi 27 janvier sur franceinfo Iannis Roder, professeur dans un collège de Seine-Saint-Denis et responsable des formations au mémorial de la Shoah, à l'occasion des 80 ans de la libération du camp de concentration et d'extermination d'Auschwitz-Birkenau.

80 ans après, les derniers témoins survivants vont bientôt disparaître et avec eux "le sentiment que nous avons partagé le même monde et que cette histoire n'est pas si loin que ça", souligne le directeur de l'Observatoire de l’éducation à la Fondation Jean-Jaurès. Mais "la matière est là", rassure-t-il, car pour de nombreux survivants, "témoigner a donné un sens à leur vie, alors qu'ils ont vu leurs parents envoyés à la chambre à gaz, leur frère ou leur sœur emportés par la faim, l'épuisement, la maladie". "On a beaucoup enregistré, on les a beaucoup écoutés, certains ont écrit également", note Iannis Roder. 

"Avoir les moyens d'enseigner"

"On va faire de l'histoire", poursuit-il. "Pour nos élèves, 1944-1945, c'est un peu la préhistoire et la présence des déportés leur rappelait que ce n'est pas si loin que ça", mais "on peut prendre conscience autrement". "Il faut aussi faire confiance à l'éducation, à l'enseignement de l'histoire, à la condition d'avoir les moyens d'enseigner", souligne le spécialiste de l'histoire de la Shoah. L'enjeu est "de faire prendre conscience des enjeux qui entourent cette question, notamment des enjeux politiques". "La Shoah, l'assassinat des Juifs, il faut le rappeler, il faut le marteler, c'est un programme politique, c'est une politique publique menée par un État", insiste-t-il. "La question qu'on doit poser sur la Shoah, ce n'est pas le comment, c'est le pourquoi, c'est-à-dire comment cela a-t-il été possible ? C'est cela sur lequel on doit travailler et qui doit permettre la prise de conscience", ajoute-t-il.

À ces élèves, il veut "faire comprendre pourquoi ce crime a eu lieu". Selon lui, il faut "parler de l'idéologie des nazis, montrer que l'antisémitisme était au cœur de cette vision nazie, expliquer que l'antisémitisme était aussi un pan de la culture européenne et que cet antisémitisme rédempteur a permis ce basculement dans le génocide des juifs durant la Seconde Guerre mondiale". "Si on ne passe pas par la manière dont les nazis voyaient le monde, on ne comprend pas pourquoi on se met à assassiner les Juifs", martèle-t-il. 

Voir la vidéo en intégralité : 

Commentaires

Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.