"Vladimir Poutine veut neutraliser l'Ukraine", assure l'ancien ambassadeur de France en Russie Jean de Gliniasty

Le président russe "a compris qu'il ne pourrait pas envahir" l'Ukraine, "parce qu'il n'est pas assez fort militairement", estime Jean de Gliniasty, vendredi dans franceinfo soir.

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Jean de Gliniasty, ancien ambassadeur de France en Russie et directeur de recherche à l'Institut de relations internationales et stratégiques (Iris), le 9 mai 2025 dans franceinfo soir. (FRANCEINFO / RADIO FRANCE)
Jean de Gliniasty, ancien ambassadeur de France en Russie et directeur de recherche à l'Institut de relations internationales et stratégiques (Iris), le 9 mai 2025 dans franceinfo soir. (FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

"Poutine veut neutraliser l'Ukraine. Je crois que c'est son objectif", a assuré, vendredi 9 mai dans franceinfo soir, l'ancien ambassadeur de France en Russie Jean de Gliniasty, directeur de recherche à l'Institut de relations internationales et stratégiques (Iris), alors qu'un sommet des dirigeants européens soutenant Kiev face à l'invasion russe est prévu, selon Volodymyr Zelensky, samedi en Ukraine.  

Vladimir Poutine "a compris qu'il ne pourrait pas envahir" l'Ukraine, "parce qu'il n'est pas assez fort militairement", estime Jean de Gliniasty. Il souligne que l'Ukraine "est unie dans sa lutte contre l'envahisseur russe", ce qui a "contribué à resserrer les rangs" et faire "de l'Ukraine un vrai pays". Mais le président russe "espère pouvoir encore mettre" l'Ukraine "un peu sous tutelle, c'est-à-dire la neutraliser", analyse l'ancien ambassadeur. Le chef du Kremlin veut atteindre son objectif, y compris "par la paix. C'est pour ça que ce n'est pas joué. Peut-être qu'il va accepter les propositions de Trump".

"Les Russes n'ont pas dit non, a priori, mais ils ont posé des conditions telles qu'en fait, cette trêve est inacceptable." 

Jean de Gliniasty, ancien ambassadeur de France en Russie

dans franceinfo soir

Le président américain avait appelé jeudi à un "cessez-le-feu inconditionnel de 30 jours" en Ukraine. "Si Trump parle à nouveau de la trêve des 30 jours, c'est qu'en fait il a été sensible aux arguments européens" qui se sont "réunis à Paris" et qu'ils reformuleront "peut-être demain, quand ils se réuniront à Kiev", imagine le spécialiste de la Russie. Selon lui, les Européens "diront, 'il faut un préalable, il faut d'abord la trêve de 30 jours'".

Les Européens "sont à nouveau dans le jeu"

Pour Jean de Gliniasty, les Européens et la France sont revenus dans le jeu des négociations. "Je crois qu'on peut le dire". "Le fait que Trump reprend la proposition des 30 jours, qu'il accepte d'en discuter avec les Européens, ça montre évidemment que les Européens sont à nouveau dans le jeu. Et ça, c'est en partie dû à la diplomatie très active de la France." Mais l'ancien ambassadeur juge "tout à fait possible" que Donald Trump finisse par se lasser.

"J.D. Vance, le vice-président, l'a dit, [Marco] Rubio l'a répété à plusieurs reprises : si ça ne marche pas, ils se retireront", avance Jean de Gliniasty. "Ils ne prendront pas leurs cliques et leurs claques et ne rapatrieront pas les quelque 100 000 soldats qu'ils ont en Europe. Ce sera plus progressif", nuance l'ancien ambassadeur. Mais selon lui, les Américains vont alors "laisser la responsabilité de la gestion du conflit aux Européens, ça c'est évident". 

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