Rapport sur les Frères musulmans : "Ce qui m'inquiète c'est le contexte dans lequel sort ce rapport créant une ambiance qui n'est pas de nature à faire reculer ces formes intégristes", regrette Clémentine Autain

"Ce qui m'inquiète c'est le contexte dans lequel sort ce rapport créant une ambiance qui n'est pas de nature à faire reculer ces formes intégristes", regrette, mercredi 21 mai, sur franceinfo Clémentine Autain, députée (NFP) de Seine-Saint-Denis, après la remise du rapport au gouvernement sur les Frères musulmans et l'islamisme politique en France, qui a fait l'objet d'un conseil de défense à l'Elysée.

Pourquoi mélanger "les Frères musulmans et la question du voile", dans un contexte "où la haine des musulmans déferle très fortement et est instrumentalisée", s'interroge Clémentine Autain. "C'est le cœur même du projet de l'extrême droite, un projet de rejet qui va faire exploser plus encore la cohésion sociale", s'inquiète la députée de Seine-Saint-Denis.

"Le contexte est absolument insupportable"

Gabriel Attal, secrétaire général de Renaissance à l'origine de l'interdiction de l'abaya à l'école, souhaite interdire le voile dans l'espace public pour les mineures de moins de quinze ans. Gabriel Attal "est dans le concours Lépine des idées d'extrême droite" alors qu'il avait été élu "pour faire barrage à l'extrême droite", fustige Clémentine Autain. Pour elle, "le contexte est absolument insupportable", car "plus il y a une crispation, plus on parle de ça du matin au soir, plus nous aurons, des femmes et des jeunes filles qui auront envie de porter le voile". Or l'"obsession du gouvernement doit être de chercher à créer du lien, de la cohésion".

Clémentine Autain dit avoir "évidemment pu constater" qu'il y avait "un intégrisme religieux musulman qui se réclame de l'islam politique qui grandit sur le terrain des défaillances du public", poursuit-elle. "Les premiers qui m'ont alerté sur cette forme d'intrusion, de volontés de recrutement, ce sont des musulmanes en l'occurrence qui s'inquiétaient pour leurs enfants parce qu'il y avait dans une mosquée des prêches salafistes", détaille la députée.

"Des moyens humains dans les filières de renseignement"

"Quand vous avez des cours d'arabe qui ne sont pas donnés dans l'école publique", "on peut les prendre dans des cours privés avec potentiellement des réseaux qui peuvent s'insérer là. Quand l'école, toutes les protections, toutes les solidarités, s'effondrent vous laissez la place à des formes d'intégrisme. C'est vrai en Seine-Saint-Denis et c'est vrai ailleurs", argumente Clémentine Autain.

Les solutions "à mon sens ce ne sont pas des lois, répressives, sécuritaires qui s'empilent en permanence, mais des moyens humains dans les filières de renseignement et une capacité de l'Etat et des institutions publiques à offrir une perspective et les moyens de l'émancipation humaine pour que des jeunes et des moins jeunes en souffrance et en déshérence ne soient pas embrigadés", alerte Clémentine Autain.