Démission de Sébastien Lecornu : "Un Premier ministre issu de la gauche avec Emmanuel Macron, quelle est la feuille de route ?", interroge Nadège Abomangoli, vice-présidente LFI de l'Assemblée

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Article rédigé par franceinfo - Édité par l'agence 6Medias
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Invitée politique de "La Matinale" mardi 7 octobre, la députée et vice-présidente pour La France insoumise de l'Assemblée nationale, Nadège Abomangoli, dit ne rien attendre des négociations menées par le Premier ministre démissionnaire Sébastien Lecornu à la demande d'Emmanuel Macron, dont LFI, rappelle-t-elle, soutient le départ.

À la suite de la démission surprise de Sébastien Lecornu lundi 6 octobre, Emmanuel Macron a donné 48 heures à son Premier ministre sur le départ pour mener d'ultimes négociations avec le socle commun, dans le but de trouver une sortie de crise. En parallèle, les forces de gauche dont Les Écologistes, La France insoumise ou encore le Parti communiste, doivent se réunir dans la matinée, sans le Parti socialiste, qui a refusé de participer à ce rendez-vous en présence de LFI. Pour commenter cette actualité aussi dense qu'exceptionnelle, franceinfo reçoit ce mardi 7 octobre, Nadège Abomangoli, vice-présidente La France insoumise de l'Assemblée nationale et députée LFI de Seine-Saint-Denis.

Ce texte correspond à une partie de la retranscription de l'interview ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour la regarder en intégralité.

Cyril Adriaens-Allemand : Emmanuel Macron a donné 48 heures à Sébastien Lecornu pour mener d'ultimes négociations avec le socle commun et trouver une sortie de crise. Le Premier ministre démissionnaire peut-il réussir cette dernière mission ?

Nadège Abomangoli : Écoutez, 48 heures de plus, on ne sait pas trop ce que cela apportera puisque jusqu'à présent, il y avait déjà eu un mois d'intenses négociations, des négociations qui ont accouché d'une souris. En fait, la réalité, c'est que là nous assistons à un vaudeville, évidemment, prévisible, puisque nous avons, face à nous, un socle commun qui a complètement explosé. 

Il n'existe plus, selon vous ? 

Il a explosé, c'est un peu la coalition des minoritaires et les mêmes causes produisant les mêmes effets. Nous n'avons rien à attendre de ces négociations supplémentaires. D'ailleurs, face à ce cirque, les Français comprennent la situation et l'ont complètement analysée, puisque nous sommes désormais 70 % de personnes dans ce pays qui considèrent que le problème n'est pas tant Lecornu ou l'Assemblée nationale, mais le président Emmanuel Macron.

C'est un chiffre que vous tenez d'où ? 

D'un sondage Odoxa qui est paru hier.

"Il n'est pas forcément acceptable d'accepter une feuille de route de cohabitation"

Vous censurez par principe tout Premier ministre nommé par Emmanuel Macron s'il est issu de la gauche ?

D'abord, nous voyons ce qui est proposé, mais un Premier ministre issu de la gauche avec Emmanuel Macron, quelle est la feuille de route ? On a déjà vu un certain nombre de négociations d'Olivier Faure pendant un mois pour occuper l'espace, où déjà la négociation partait sur la base d'un programme du NFP réduit, à savoir qu'on n'avait plus l'abrogation de la réforme des retraites, mais la suspension de la réforme, on n'avait plus l'ISF, enfin toute une série de mesures réduites, et donc là, dans la situation actuelle, si c'est la même chose, je pense qu'il n'est pas forcément acceptable pour nous d'accepter une feuille de route de cohabitation.

Le Parti socialiste a dit : "On est prêts à aller à Matignon". Est-ce que vous êtes au moins dans l'idée d'écouter ce qu'ils ont à proposer ?

De toute façon, on écoute, ça fait un mois qu'on écoute. D'ailleurs, il y a quelques semaines, déjà, on avait écouté, puisque le Parti socialiste avait refusé de censurer le gouvernement Bayrou-Retailleau à partir de la promesse d'un conclave sur les retraites. Des mois de perdus.

Donc là, vous ne censurez pas a priori.

Nous allons voir ce qu'il y a, mais nous sommes prêts à le faire. À écouter, et à censurer le cas échéant.

Jean-Luc Mélenchon a proposé à toutes les forces de gauche de se réunir dès hier ; fin de non-recevoir, notamment des socialistes et les écologistes ont acté cet échec. Comment est-ce que vous expliquez que Jean-Luc Mélenchon n'arrive pas à réunir autour de lui les forces de gauche ?

Déjà, il y a une stratégie qui a été différente depuis le début des annonces. Le nouveau gouvernement Lecornu, au fur et à mesure des discussions, a montré que même les mesures les plus simples pour sortir d'un budget austéritaire étaient refusées. Du coup, on n'a pas la même stratégie. Et il est évident que le PS, dans ce cadre-là, ne souhaite pas, dans un premier temps, discuter. Aujourd'hui, ce matin, donc, vers 9 h, il me semble que les forces de gauche autour de La France Insoumise, d'EELV, de Générations et du PCF vont discuter. Mais le Parti socialiste est dans une stratégie solitaire depuis plusieurs mois. Il est à peu près la seule force du NFP qui semble croire qu'il est possible de tirer quoi que ce soit d'utile pour les Français et les Françaises de ce gouvernement Lecornu.

Eux disent qu'on ne peut pas parler avec La France insoumise. Jean-Luc Mélenchon a traité Olivier Faure de nigaud, par exemple, dans un autre blog, et il dit également que la destitution du président de la République, qui est une proposition que vous portez, ne permet pas le dialogue.

La destitution ou la démission, nous, ce qu'on veut, c'est évidemment pousser à la démission, mais la destitution c'est l'outil parlementaire et démocratique qui nous reste dans la mesure où le président de la République s'acharne à rester au pouvoir. Et ce faisant, en fait, le Parti socialiste est à rebours aujourd'hui de ce que pensent les Françaises et les Français. J'ai vu juste avant de rentrer sur ce plateau les réactions des gens qui trouvent que tout ça ne va pas et que le responsable, c'est Emmanuel Macron. Il a refusé déjà à plusieurs reprises de nommer un Premier ministre issu de la gauche. On ne voit pas trop pour quelles raisons aujourd'hui, alors que je le disais tout à l'heure, Olivier Faure avait déjà fait d'énormes concessions sur le programme du NFP, et à la fin, n'avait pas nommé. Olivier Faure n'avait pas censuré avec son groupe en début d'année 2025 et le conclave n'a rien donné. Donc évidemment, aujourd'hui, on a l'impression que c'est davantage une stratégie de distinction à l'égard du reste du NFP, peut-être pour se montrer comme responsable. Mais si le particulier veut être coresponsable de la fin du macronisme, eh bien qu'il y aille. Or nous avons été élus en 2024 sur un mandat clair. C'était la rupture avec le macronisme. Et là, les derniers événements montrent que cette rupture est nécessaire. On est à la rentrée. L'actualité sur ma circonscription à Aulnay-sous-Bois, c'est le fait qu'à l'hôpital, il y a des services qui vont fermer. Des services de spécialité importante comme la diabétologie. Qu'est-ce qu'on fait par rapport à ça ? C'est le bilan du macronisme et c'est le bilan, manifestement, auquel ils veulent s'associer.

Qu'est-ce que vous attendez de la réunion de ce matin, justement, entre les différentes forces de gauche, avec LFI, avec les écologistes, mais sans le Parti socialiste ?

Déjà l'analyse de la situation, parce que c'est d'abord un point politique, et de savoir quels sont les meilleurs moyens d'en sortir. Il y a déjà 104 parlementaires du NFP qui ont signé notre motion de destitution.

Cliquez sur la vidéo pour regarder l'entretien en intégralité.

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