Canicule en France : "Nous pouvons agir et nous sommes loin de l'impuissance", commente Juliette Méadel, la ministre déléguée auprès du ministre de l’Aménagement du territoire

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Article rédigé par franceinfo - Propos recueillis par Alix Bouilhaguet - Édité par l'agence 6médias
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Invitée politique de la "Matinale" de franceinfo mardi 1er juillet, la ministre déléguée auprès du ministre de l’Aménagement du territoire, Juliette Méadel, revient sur les départements passés en vigilance rouge canicule, ainsi que sur la guerre qu’elle mène aux bailleurs sociaux.

Ce texte correspond à la retranscription d'une partie de l'interview ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour regarder l'entretien en intégralité.


Alix Bouilhaguet : Aujourd'hui, 16 départements, dont le bassin parisien, ont basculé en vigilance rouge canicule. 68 resteront en vigilance orange. Un dôme de chaleur s'abat sur la France. Est-ce qu'on est prêt, notamment quand on vit en ville ?  

Juliette Méadel : On est prêt quand on a la chance de vivre dans des villes où les maires ont lancé les opérations "1 euro pour la piscine". À Allonnes, le maire Gilles Leproust a déclenché cette opération hier. Ça ne coûtera qu’un euro pour aller à la piscine. D'autres, comme Philippe Rio à Grigny, ouvrent les services publics avec des espaces plus climatisés pour tout le monde. Il y a des tas de choses qu'on doit faire, et pour cette mobilisation, le gouvernement est sur le pont. Tous les soirs, on est en réunion de crise. Les maires aussi prennent des mesures très utiles. Je souhaiterais que ce type de mesure soit pris partout.  

Le budget pour un plan de rénovation thermique des bâtiments, un plan pour végétaliser, peindre en blanc, faire circuler l'eau, a été totalement rogné. Les spécialistes disent qu'il faut 40 ou 50 milliards d'euros. Comment est-ce que la ville peut s'adapter, et où trouver l’argent quand on est en disette budgétaire ?  

Les villes et les mairies n'ont pas forcément toujours des ressources, mais quand même en situation d'urgence, il y a des choses que l'on peut faire. Quand on ouvre par exemple les parcs et jardins, ce n'est pas une opération à 40 milliards. Quand on offre la piscine à des horaires parfois nocturnes, ce n'est pas une opération à 40 milliards. Et je vous le dis encore une fois, des maires le font. Le patron de l’association des Mairs Ville & Banlieue de France, Gilles Leproust, le fait dans sa ville à Allonnes, qui n'est pas une ville riche. C'est une question aussi de bonne gestion et d'anticipation des difficultés. Les pouvoirs publics ce n’est pas que le gouvernement, ce sont aussi les élus locaux. Et beaucoup d'entre eux font des choses remarquables. J'étais hier encore à Angers, où il y a des îlots de fraîcheur, des espaces verts, qui ont été précisément aménagés pour faire face à la canicule. Donc nous pouvons agir et nous sommes loin de l'impuissance.  

"La climatisation est très contre-productive en termes de coûts carbone"

Est-ce qu'il faut un grand plan climatisation ? C'est la nouvelle proposition faite par Marine Le Pen.  

Ce n'est pas la peine d'avoir un doctorat en écologie pour savoir que la climatisation est très contre-productive en termes de coûts carbone. Donc un plan climatisation, c'est difficile à mettre en place. En revanche, il y a d'autres techniques de refroidissement, comme les îlots de fraîcheur qui sont construits dans les villes, l'hydratation et puis la solidarité. Nous ne sommes pas tous égaux face à la chaleur. Les personnes âgées, les personnes fragiles,  sont repérées par les mairies pour éviter qu'elles ne soient livrées à elles-mêmes et que l'on revive le drame de la canicule que nous avions vécu en 2014.  

Il y a un projet de loi transpartisan qui est une proposition de loi signée par ce groupe parlementaire qui vise à adapter les logements en forte chaleur. Elle vise notamment à intégrer le confort d'été dans les critères de décence obligatoires pour louer un logement, est-ce une bonne chose ?  

C'est une bonne chose à construire avec les bailleurs sociaux et avec tout le secteur de la construction immobilière. En ce moment, la construction ne va pas très fort, donc il faut effectivement avoir des normes qui nous protègent de la chaleur et vérifier aussi quelle est la faisabilité sur le plan à la fois technique et économique.  

Vous menez la guerre aux bailleurs sociaux pour un meilleur entretien des bâtiments. Vous leur dites que s’ils ne sont pas à la hauteur de cet entretien, de ces rénovations, il n'y aura pas de subventions à partir du 30 juillet. C'est dans un mois, où en êtes-vous ? Est-ce que vous avez repéré les mauvais coucheurs ?  

J'ai repéré les mauvais coucheurs, mais ils sont très peu nombreux. Ce n'est cependant pas du tout une guerre que je mène, c'est juste du bon pilotage ou de la bonne gestion de l'argent public. Aménager des logements sociaux, des parties communes, c'est l'affaire des bailleurs, des maires et de l'État. Je ne mène donc de guerre à personne, je veux juste que les habitants des quartiers vivent dans de bonnes conditions. Cela fonctionne très bien puisque j'avais, au début du mois de mars, un bailleur social sur deux qui rencontrait des difficultés avec des problématiques de déchets, des problématiques aussi très lourdes d'entretien et de surentretien qui n'étaient pas assurés, notamment dans les caves. Aujourd'hui, il n’y a plus que 15 % de difficultés qui ont été répertoriées par les services de l'État et les mairies, donc ça progresse bien.  

Des subventions potentiellement suspendues au 30 juillet

Donc ça veut dire qu'au 30 juillet, est-ce que vous allez enlever des subventions à certains bailleurs ?  

Évidemment qu'il y a un risque. Je ne peux pas vous donner les copies finales aujourd’hui, mais nous saurons à la fin du mois de juillet quels sont les bailleurs sociaux qui n'ont pas fait les efforts qui étaient attendus et à quels endroits la fameuse aide publique leur sera retirée. Les agents des bailleurs sociaux, ceux qui entretiennent, les gardiens, font un travail extraordinaire qui n'est pas toujours facile, notamment en ce moment alors que nous sommes en pleine canicule. Entretenir les parties communes dans un quartier en pleine canicule, c'est difficile. Donc, je le dis d'abord aux bailleurs, je les soutiens, c'est de l'accompagnement renforcé, et les meilleurs seront évidemment mis en avant. Ceux qui n'ont pas fait ce qu'il faut seront évidemment sanctionnés.  

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