Vidéo "Nous sommes potentiellement les prochains menacés par la guerre" : consciente de la menace russe, la Lettonie s'organise pour éviter un futur conflit

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Article rédigé par France 2
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Depuis l'invasion de l'Ukraine, les pays baltes voisins de la Russie redoutent d'être les prochains territoires convoités par Vladimir Poutine. En Lettonie, un média russophone tente de contrer la propagande de Moscou, tandis que des volontaires consacrent leur temps libre à aider l'Ukraine.

Annexés pendant presque cinquante ans par l’URSS, les pays baltes sont devenus des républiques indépendantes en 1991, avec la dislocation de l'empire soviétique, et regardent désormais vers l’ouest. Membres de l’Otan depuis 2004, l’invasion en Ukraine en 2022 a pourtant rappelé à la Lituanie, la Lettonie et l'Estonie leur vulnérabilité face à leur voisin russe. Depuis, les trois Etats se préparent militairement et stratégiquement pour contrer une éventuelle attaque.

Si la majorité de la population des pays baltes soutient l’Ukraine et s’inquiète des intentions de Vladimir Poutine, certains membres des minorités russes présentes sur le territoire depuis l’époque soviétique se rangent du côté de Moscou. Victimes depuis des années de la propagande du Kremlin diffusée sur internet et certaines chaînes de télévision, ces minorités en faveur de la Russie pourraient représenter un risque pour la sécurité des pays baltes.

"C'est très important qu'il y ait des médias indépendants russophones autres que la propagande russe"

A Daugavpils, au sud de la Lettonie, la journaliste Inna Plavoka a trouvé une "parade anti-Moscou" : elle a créé Chayka, un média en ligne indépendant qui communique en langue russe. "C’est très important qu’il y ait Chayka et des médias indépendants en russe ; des médias qui proposent d’autres informations que la propagande russe et aussi un autre regard basé sur les faits, l’investigation et les événements réels", explique-t-elle.

Financé par la publicité, des dons et des fonds américains, Chayka s’appuie sur une petite équipe de journalistes russophones loyaux envers la Lettonie. Evelina Maibogina, journaliste responsable des réseaux sociaux de Chayka, s’inquiète que Vladimir Poutine utilise les mêmes ressorts qu’en Ukraine pour justifier une éventuelle invasion de la Lettonie : "Dans notre région, les gens parlent surtout russe, on est considéré de la même manière que le Donbass en Ukraine. C’est évident que nous pourrions être dans la même situation parce que la Russie a prétendu 'sauver' les russophones en Ukraine. On est comme eux, alors pourquoi la Russie ne viendrait-elle pas nous 'sauver' ? Mais nous, nous ne voulons pas être sauvés...", conclut-elle.

Des voitures saisies aux conducteurs ivres, puis envoyées en Ukraine au titre de l'aide humanitaire

Dans la capitale, Riga, le drapeau ukrainien flotte à côté du drapeau letton au fronton des bâtiments publics. Le soutien à Kiev est indéfectible et de nombreux Lettons participent à l’effort de guerre. Comme Ivars Treskovskis, cadre en entreprise pour gagner sa vie, mais qui consacre tout son temps libre, parfois 40 heures par semaine, à préparer des voitures pour les envoyer sur le front en Ukraine. Un engagement pour éviter, selon lui, une expansion du conflit : "Quelqu’un doit le faire, nous sommes potentiellement les prochains menacés par la guerre, donc là, nous aidons l’Ukraine pour que ça reste là-bas et que ça ne se propage pas chez nous."

Avec un autre volontaire, il fixe les dernières feuilles de Kevlar (une fibre résistante à la chaleur et à la traction) pour contrer les éclats d’obus sur des véhicules blindés qui serviront à évacuer les Ukrainiens blessés. Toutes ces voitures ont été récupérées à la fourrière après avoir été confisquées à des conducteurs en état d’ivresse. Un appui à l’Ukraine décidé par le Parlement letton, qui a voté en 2023 une loi autorisant ces saisies au titre de l'aide humanitaire.

Chaque vendredi soir, des volontaires se préparent à prendre la route pour convoyer ces voitures vers l’Ukraine, à seulement 1 100 kilomètres de là. Dans les pays baltes plus qu’ailleurs, les habitants sont conscients de la proximité de la guerre.

Extrait de "Vivre aux portes de la Russie", diffusé dans "Nous, les Européens(Nouvelle fenêtre)(Nouvelle fenêtre)(Nouvelle fenêtre)" le 20 mars 2025.

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