Vidéo "Si on n'était pas allés le chercher à temps, il serait sans doute mort" : en Polynésie française, répondre aux urgences médicales peut prendre des jours

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Article rédigé par France 2
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C'est un territoire aussi vaste que l'Europe… et un immense désert médical. Alors qu'en métropole, le SAMU arrive en vingt-huit minutes en moyenne, dans cette collectivité d'outre-mer, les urgences se traitent à un tout autre rythme : intervenir par les airs sur l'une des 118 îles de la Polynésie française demande des heures, voire des journées entières. Un vrai challenge quand le temps presse.

Romain, un jeune urgentiste niçois, est l'un des 35 "médecins du ciel" que compte la Polynésie française. Son ambulance ? C'est un avion Beechcraft médicalisé. Ce matin-là, "Envoyé spécial" l'a suivi dans une mission qui l'emmène sur Tikehau, une île isolée de l'archipel des Tuamotu. Elle se trouve à 350 kilomètres de Tahiti et de son hôpital, le seul établissement de référence dans ce vaste désert médical de 280 000 habitants au cœur de l'océan Pacifique...

L'opération d'évacuation sanitaire ("evasan" dans le jargon des soignants) a été déclenchée pour un patient d'une trentaine d'années qui présente des douleurs abdominales préoccupantes. Pour comprendre la cause de l'infection, un scanner est indispensable. Comme le tarmac de l'aéroport de Tikehau n'est pas encore équipé de balisage lumineux, les secours n'ont pas pu arriver avant le matin. Aussi, quand l'équipe médicale atterrit sur l'île après une heure de vol, le soulagement est grand... pour le patient et sa famille, mais aussi pour Laetitia, l'infirmière.

Sur l'île, pas de médecin, juste une infirmière pour les soins d'urgence

Sur Tikehau, il n'y a pas de médecin, Laetitia est seule pour assurer les soins d'urgence pour les 600 habitants de l'atoll. Et elle est à court de morphine pour soulager les douleurs du jeune homme, dont l'état s'aggrave d'heure en heure. Après une auscultation rapide, Romain suspecte une infection intra-abdominale. Il va falloir très vite effectuer des examens complémentaires avant de l'envoyer au bloc opératoire...

Une heure plus tard, le patient arrive à Tahiti, et passe en priorité au scanner. Le diagnostic redouté par Romain est confirmé : le jeune homme présente une perforation, et une infection qui commence à s'étendre. "On a bien fait d'aller le chercher, souffle le médecin. Si on n'était pas allés le chercher dans cette temporalité-là, il serait probablement décédé d'un choc septique, donc une infection généralisée, dans les heures ou dans le jour qui arrive."

Après une intervention chirurgicale, le patient rentrera chez lui quelques jours plus tard. L'évacuation sanitaire dont il a bénéficié est financée par la Caisse de prévoyance sociale (CPS), la sécurité sociale des Polynésiens, à travers leurs cotisations. Un aller et retour comme celui-ci coûte près de 9 000 euros, et chaque année, ces "evasan" par les airs représentent 12 millions d'euros pour l'archipel.

Extrait de "Le SAMU des atolls", un reportage à voir dans "Envoyé spécial" le 16 janvier 2025.

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