Vidéo Jusqu'aux portes de certaines villes françaises, des loups plus nombreux... et une espèce moins protégée

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Article rédigé par France 2
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Depuis les années 1990, le loup est de retour en France, à la joie des défenseurs de l'environnement… et au grand dam des éleveurs. Un extrait d'"Envoyé spécial", parti sur les traces d'un prédateur qui suscite passions et crispations, à l'heure où un nouveau statut pose la question de son avenir sur le territoire.

A l'époque, c'est une grande nouvelle, saluée comme "une réussite écologique majeure". En 1992, après des siècles d'une traque sans pitié qui avait fini par éradiquer l'espèce du territoire, le loup faisait officiellement son retour en France, dans les Alpes.

Depuis qu'il a passé la frontière italienne, Canis lupus, de son nom latin, semble se plaire dans nos contrées, puisqu'on en trouve jusqu'en Normandie et en Bretagne. En 2024, on a même pu en croiser un spécimen dans les rues de Chamonix, un autre sur les pistes d'une station de ski de Haute-Savoie… Mais cette proximité nouvelle ne va pas sans inquiéter : en décembre 2024, un troupeau ovin a été attaqué au milieu des habitations, dans un quartier résidentiel de Bormes-les-Mimosas, dans le Var.

Une attaque dans une zone semi-urbanisée et très passante

Alertée par une voisine, Cécile Desproges a trouvé un de ses béliers "complètement dévoré, un gros agneau d'un peu moins d'un an mort, mordu au niveau du cou, avec beaucoup de sang, un autre bélier complètement éventré avec la panse dehors, et un bélier blessé".

Le lendemain, l'éleveuse a compté 8 bêtes tuées dans cette zone semi-urbanisée très passante, explique-t-elle à "Envoyé spécial". Et pour elle, aucun doute possible, "c'était le loup", dont elle dénombre 11 attaques au cours des douze derniers mois. En tout cas, "Envoyé spécial" a bel et bien capté un matin, en filmant avec un drone dans les collines environnantes, la présence d’un loup (authentifié par l'OFB, l'Office français de la biodiversité) non loin des brebis.

De "strictement protégé" à "protégé"

La progression du prédateur, dont la population a triplé en France en dix ans, électrise le débat. D'un côté, les militants de la cause animale qui s'alarment de braconnages et de tirs hors du cadre légal ; de l'autre, de nombreux éleveurs en colère. Certains dénoncent les attaques de leurs troupeaux à coups d'opérations et images choc. En 2021, une louve a même été pendue devant une mairie. Et durant l'été 2024, la Coordination rurale est allée jusqu'à lancer une campagne d'affiches promettant une prime de 1 000 euros par loup mort. Condamné par la justice à retirer ces affiches, le syndicat agricole a fait appel. 

La fronde anti-loups, qui trouve un écho auprès du gouvernement, dépasse les frontières de la France. En décembre 2024, l'animal est passé du statut "strictement protégé" au statut "protégé" dans la Convention de Berne, un traité européen qui préserve la faune et la flore. Ce déclassement inédit risque-t-il de rouvrir la chasse au loup ? Il pose en tout cas la question de son avenir en France, où sa population s'est aujourd'hui stabilisée à un millier d'individus.

Extrait de "Loup y es-tu ?", un reportage à voir dans "Envoyé spécial" le 24 avril 2025.

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