Vidéo Au Groenland, les convoitises de Donald Trump et des compagnies minières sur les terres rares inquiètent les habitants

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Article rédigé par France 2
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Alors que Donald Trump rêve de faire main basse sur ses richesses, la petite ville de Narsaq, isolée à la pointe sud du Groenland, est déjà aux prises avec un projet de mine à ciel ouvert qui menace la montagne voisine. L'endroit regorge de ces terres rares si précieuses pour les nouvelles technologies. "Envoyé spécial" s'est rendu sur place.

"Nous avons besoin du Groenland pour des raisons de sécurité nationale, et même internationale. Et je pense qu'on va l'avoir. D'une manière ou d'une autre, on va l'avoir." Les récentes déclarations de Donald Trump ont jeté un froid supplémentaire dans ces contrées polaires. Tout le monde sait que ce sont surtout les terres rares dont regorge le sous-sol groenlandais qui intéressent le président américain… De quoi inquiéter une région qui subit déjà la pression de l'industrie minière.

"Envoyé spécial" a fait le voyage jusqu'aux confins du monde, au sud de l'île la plus grande de la planète, territoire autonome qui fait (encore) partie du royaume du Danemark. L'étau se resserre sur la petite ville nichée au pied de la montagne Kuannersuit et son millier d'habitants. La population inuite redoute de voir ce paysage splendide saccagé pour son uranium et ses minerais. Ce jour-là, elle a organisé un comité d'accueil aussi glacial que la température de l'air (-15 degrés) pour le patron d'une compagnie minière australienne déjà implantée dans la vallée. Il sera reçu par des huées et des pancartes "Urani naamik" ("Non à l'uranium").

Daniel Mamadou, le PDG francophone de la compagnie minière, joue gros. Son entreprise, Energy Transition Minerals (ex-Greenland Minerals & Energy) a déjà investi 90 millions de dollars (environ 85 millions d'euros) pour sonder le sol de Narsaq. L'homme d'affaires doit donc convaincre au plus vite élus et habitants de l'intérêt de son projet de mine à ciel ouvert pour le village, cet "endroit qui a beaucoup de potentiel", et pour le Groenland.

Neodymium et terbium dans le sous-sol

L'équipe d'"Envoyé spécial" a suivi l'homme d'affaires dans ses installations, sur les hauteurs du village. Au fond d'un hangar, des dizaines de caissons renferment de précieux échantillons extraits de la montagne voisine. Neodymium, terbium… Ces terres rares si convoitées sont, selon Daniel Mamadou, des éléments essentiels à la fabrication de systèmes de guidage de missiles ou de moteurs électriques pour des turbines à vent, mais aussi aux moteurs des voitures électriques et aux avions électriques du futur.

Ce sont des ressources "critiques pour la transition énergétique, et sans cela, on va devoir continuer à acheter nos terres rares aux entreprises chinoises", fait valoir le PDG. Aujourd'hui, 95% des terres rares dans le monde sont commercialisées par des entreprises chinoises. Daniel Mamadou estime que son projet permettrait de casser ce monopole. Selon lui, le gisement de Narsaq serait l'"un des trois ou quatre les plus importants du monde", et "cette mine représente un actif qui pourrait durer des siècles".

Quant au risque de contamination pour le village, le PDG assure qu'il serait totalement absent, grâce à "un processus qui isole les matières potentiellement contaminantes". Les habitants ne sont pas forcément convaincus, mais le Groenland est désormais assis sur un tas d'or...

Extrait de "Main basse sur le Groenland ?", un reportage diffusé dans "Envoyé spécial" le 6 mars 2025.

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