Vidéo Escape game dans l'église, cabaret dans la chapelle : les idées d'un maire du Béarn pour sauver et faire revivre le patrimoine de son village

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Article rédigé par France 2
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Quand l'église du village tombe en ruine, comment une petite commune peut-elle faire face au coût exorbitant d'une rénovation ? Pour préserver le clocher qui fait leur identité, certains ne manquent pas d'idées, même iconoclastes. Un extrait d'"Envoyé spécial" dans le Béarn, à Laàs.

Les églises qui menacent ruine dans les villages français n'auront pas droit aux mêmes moyens que Notre-Dame (846 millions d’euros ont été récoltés après l'incendie de 2019) pour leur restauration. Et elles sont des milliers. Depuis la loi de 1905 sur la séparation de l'Eglise et de l'Etat, ce sont les communes qui en ont la charge.

Au cœur des Pyrénées-Atlantiques, Laàs, ses 140 habitants, son église, sa chapelle… et ses 400 000 euros de dettes pour les rénover. Pour en payer une partie, l'église Saint-Barthélémy accueille depuis l'été 2023, avec l'accord de principe du diocèse de Bayonne, une animation d'un nouveau genre : un escape game qui rapporterait 10 000 euros par an.

"C'est pas tous les jours qu'on fait un escape game dans une église"

Mettre l'église à contribution pour attirer les touristes et rembourser ses emprunts est une idée du maire. "Mettre 650 000 euros dans une église juste pour la restaurer, alors qu'elle va être fermée 365 jours par an, à part les malheureusement nombreux enterrements, ce n'était pas facile à engager comme démarche financièrement", justifie-t-il.

L'édifice restant sacralisé, les participants, qui paient 30 euros chacun, doivent respecter les lieux, fermés au public durant la partie. Ce jour-là, les joueurs sont quatre. En 60 minutes, ils doivent résoudre des énigmes pour accéder au calice. C'est un échec… mais ils ne sont pas mécontents de cette occasion de remettre les pieds dans une église. Et qu'un lieu de culte devienne le théâtre d'un jeu de piste ne les "choque pas tellement".

"Bienvenue dans la principauté de Laàs" 

Jacques Pédehontaà, maire de Laàs depuis quarante ans, n'en est pas à sa première extravagance. Chapeau haut-de-forme et nœud papillon, ceint de deux écharpes (une bleu-blanc-rouge, l'autre bleu-rouge-jaune, aux couleurs du Béarn), l'excentrique édile accueille l'équipe d'"Envoyé spécial" à l'entrée d'un village pas comme les autres. 

Derrière une barrière bleue, une guérite de la même teinte affiche cette devise : "Passion et audace". C'est celle de la principauté de Laàs, autoproclamée en 2014. Car avant d'oser ouvrir l'église à un escape game, Jacques Pédehontaà a érigé la commune en principauté et la mairie en palais. Le village a même son "allée des Etoiles", le Laàs-Vegas Boulevard. Trente-trois étoiles de pierre au nom des artistes qui se sont produits dans le parc du château pour le festival des Transhumances musicales : Manu Chao, Maxime Le Forestier…

Une chapelle romane transformée en cabaret

Mais c'est à la sortie du village que se trouve la plus grande fierté de l'élu : la chapelle romane du XIe siècle, pour son histoire ancienne… autant que récente. "Ce n'est plus une chapelle depuis très longtemps, précise le maire. Elle est désacralisée depuis 1893. Et c'était une ruine." Un mouvement de jeunesse catholique, les Guides de France, a réalisé son sauvetage. Aujourd'hui, on peut lire, en lettres bâton sur la pierre : "La Fourmi rouge". 

Ce cabaret spectacle, car telle est la nouvelle fonction de la chapelle, doit son nom aux jeunes filles des Guides de France, appelées "Fourmis rouges" à cause de leurs chemises écarlates. En sept ans, elles ont été 2 700 à se succéder pour rebâtir la chapelle. Vingt ans plus tard, cette reconversion ne manque pas d'audace.

Extrait de "Ruineuses églises en ruine !", un reportage à voir dans "Envoyé spécial" le 27 février 2025.

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