: Vidéo "Envoyé spécial" à La Rinconada, la ruée vers l'or dans la ville la plus haute du monde : "C'est le Far West, ici !"
C'est une ruée vers l'or dans des conditions extrêmes qu'a pu filmer "Envoyé spécial" à La Rinconada, dans les Andes péruviennes. Un eldorado glacé, anarchique et spectaculaire, où la seule raison de vivre est le précieux minerai.
Aux confins du Pérou, à 5 300 mètres d'altitude dans les Andes péruviennes, se trouve la ville la plus haute du monde, nichée dans un cul-de-sac au bout d'une route déserte, cernée de pics montagneux culminant à près de 6 000 mètres. Depuis trente ans, malgré un oxygène deux fois plus rare ici qu'au niveau de la mer, elle a poussé comme un champignon.
Ce qui a attiré ici ses habitants (environ 40 000 aujourd'hui), c'est la soif de l'or. Ils dépendent tous de la mine locale, propriété d'une entreprise privée péruvienne. Pour "Envoyé spécial", Loïc de La Mornais a passé plusieurs jours avec des hommes et leurs familles qui vivent ici dans des conditions extrêmes. Ruben, le chef d'une petite coopérative de mineurs, et son adjoint Leonard ont servi de guides aux journalistes dans les galeries.
La plupart des mineurs sont des Quechuas, ces descendants des Incas habitués aux très hautes altitudes. Chaque matin, dès 6 heures, ils quittent le bidonville pour dévaler par milliers les escaliers et la corniche qui descendent à la mine, au milieu des câbles et des monceaux d'ordures. Leur travail est dangereux : on compte au moins cinq accidents mortels par mois, selon les sources médicales.
Un glacier pollué sous perfusion sauvage
La cité entière est une zone de quasi-non-droit où l'insécurité est permanente et l'écologie inexistante. Pas de tout-à-l'égout mais, au milieu des rues tapissées de déchets plastiques, des rigoles charriant urine et excréments, qui gèlent et dégèlent selon la température. D'autres déchets pourrissent par montagnes sur les flancs des Andes. Il n'existe ici aucune structure municipale de ramassage des ordures, aucune décharge. A La Rinconada, l'Etat est complètement absent.
Rien n'est épargné par ces déchets, pas même le glacier, perfusé de tubes et tuyaux qui alimentent en eau toute la ville. Une distribution sauvage, car "il n'y a pas d'entreprise qui gère ça, personne n'est propriétaire du glacier", explique Julio, un collègue de Ruben et Leonard. Cette eau, certains la vendent. Oui, ici, c'est vraiment le Far West…
"Chacun fait ce qu'il veut, et de toute façon, ici, personne ne respecte la loi."
Julio, mineur à La Rinconada (Pérou)dans "Envoyé spécial"
L'eau du glacier sert à la consommation courante des habitants, mais surtout, elle alimente les moulins des chercheurs d'or. Pour Leonard et ses compagnons, de retour de la mine, c'est l'étape suivante : le traitement des fragments de roche pour en extraire, avec de la chance et au bout de plusieurs heures, le précieux minerai. Un long processus de raffinage, qui nécessite des centaines de litres d'eau et des agents toxiques comme le cyanure et le mercure.
Insécurité et rivalités entre chercheurs d'or
A la fin, le fruit d'une semaine de labeur tient entre le pouce et l'index : une petite pépite, de couleur argentée à cause de la couche de mercure qui la recouvre. Leonard et Ruben vont la vendre derrière une porte anonyme. Il est très rare de pouvoir filmer ces transactions car entre l'insécurité, les rivalités et les jalousies, l'or se négocie le plus souvent en secret. Ici se déroule la dernière étape : l'acheteuse passe la pépite au-dessus d'une flamme, pour éliminer les dernières impuretés… et voici l'or pur.
La moitié du butin des mineurs est déjà allée au propriétaire de la mine. Leur seul salaire, ce seront les 120 euros que va leur rapporter cette pépite… à partager en cinq. Soit 24 euros par mineur, pour une semaine de sueur et de danger. Bien en dessous de leur revenu moyen.
Extrait de "Au sommet de la ruée vers l'or", un reportage à voir dans "Envoyé spécial" le 19 septembre 2024.
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