: Vidéo "Elle a avalé la boîte de médicaments qu'elle s'était prescrite contre le stress" : interne en médecine, sa fille a mis fin à ses jours après des semaines de 100 heures et des gardes difficiles
A l'hôpital, les internes doivent assumer d’importantes responsabilités dans des conditions très difficiles, avec des horaires à rallonge pouvant mener au burn-out et la dépression, voire à des idées suicidaires pour plus de 20% d'entre eux. La mère d'une jeune interne qui est passée à l'acte témoigne dans cet extrait d'"Envoyé spécial".
Face à la pénurie de médecins, ils sont devenus les piliers de l'hôpital public. Après leur sixième année d'études, les étudiants en médecine doivent effectuer trois à cinq années d'internat à l'hôpital. Corvéables à merci, ils enchaînent les gardes pour moins de 2 000 euros par mois, dans des conditions très difficiles. Et certains craquent.
Comme Elise, qui rêvait de devenir chirurgienne. Pour Laurence, sa mère, dont voici le témoignage dans cet extrait d'"Envoyé spécial", il était inimaginable que cette étudiante en médecine brillante et passionnée puisse mettre fin à ses jours.
Confrontée quotidiennement à des cas très lourds
A 23 ans, Elise effectue son premier stage d'internat dans un service d'oncologie. Comme tous les internes, elle enchaîne les journées à rallonge. Sur son planning, Laurence compte jusqu'à dix jours de travail consécutifs. Et encore, il n'indique pas les horaires... En réalité, sa fille assurerait près de 100 heures par semaine. Au téléphone, elle lui raconte "des gardes où elle n'arrive même pas à aller aux toilettes", faute de temps, ce qui lui provoque des infections urinaires. Et surtout, elle est confrontée quotidiennement à des cas très lourds.
"Elle a fait deux gardes successives à quinze jours d'intervalle, qui l'ont marquée énormément", raconte Laurence. Lors de la première, l'état d'un patient l'oblige à faire appel à la réanimation. Le service est débordé, et la jeune fille doit se débrouiller seule, ce qui "l'a énormément stressée", selon sa mère. Lors de la deuxième garde, "même chose, mais le patient est mort. C'est la première fois qu'elle était confrontée, en première ligne, à la mort d'un patient", précise Laurence, qui imagine sans mal à quel point ce sont "des événements extrêmement traumatisants pour un interne".
"Une espèce de décompensation"
Le lundi suivant, Elise entame un autre stage dans un service dont elle connaît la réputation : les internes y seraient, paraît-il, livrés à eux-mêmes. A sa mère, elle confie au téléphone être "un peu inquiète". Juste après la fête de fin de stage où elle apparaît, souriante, sur une photo que Laurence a conservée, la jeune fille "s'est effondrée en larmes, sans raison. Elle est rentrée chez elle. Et là, elle a avalé la boîte de médicaments qu'elle s'était elle-même prescrite pour lutter contre le stress, quinze jours plus tôt", raconte sa mère, évoquant "une espèce de décompensation".
Selon le syndicat des internes, près d'un quart des apprentis médecins disent avoir eu des idées suicidaires. Avec des semaines de 60 à 80 heures pour beaucoup d'entre eux, l'épuisement professionnel et les dépressions sont fréquents. Entre passion et pression, les internes pourront-ils encore longtemps tenir l'hôpital public à bout de bras ?
Extrait de "Internes : le blues des blouses blanches", un reportage à voir dans "Envoyé spécial" le 24 avril 2025.
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