Vidéo Comment certaines PME françaises cherchent à éviter les "taxes Trump"

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Article rédigé par France 2
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Près de Laguiole, en Aveyron, "Envoyé spécial" a rendu visite à une manufacture de couteaux traditionnels très prisés de la clientèle américaine. Comme toutes les PME françaises qui exportent aux Etats-Unis, elle est confrontée à cette équation : comment encaisser le choc des "taxes Trump" sans voir les ventes chuter ?

C'était un sujet d'inquiétude pour les entreprises qui exportent vers les Etats-Unis, et la mauvaise nouvelle a été confirmée le 26 février 2025 par Donald Trump : les produits européens vont être lourdement taxés. A Espalion, en Aveyron, c'est la consternation. Ici, près du village de Laguiole, sur le plateau de l'Aubrac, sont manufacturés de célèbres couteaux très prisés outre-Atlantique. A l'échelle de la région, la fabrication de ces couteaux traditionnels représente 650 emplois directs et 40 entreprises situées dans un rayon de 20 kilomètres.

Le jour de la visite d'"Envoyé spécial", on préparait dans les bâtiments d'Espalion l'envoi à Miami d'une commande à 15 000 euros : sabres à champagne, couteaux de sommelier ou à fromage… des coffrets qui se vendaient jusqu'alors autour de 580 euros aux Etats-Unis. En tablant sur une prévision de 20% de taxes douanières supplémentaires, explique le patron Christian Valat, ils coûteraient 140 euros de plus : "Je pense qu'on est sur un produit qui risque de devenir très difficilement vendable", s'inquiète-t-il.

"Je vais payer des impôts aux Etats-Unis au lieu de les payer en France"

Avec sa marque "Laguiole en Aubrac" créée il y a un tiers de siècle, Christian Valat a toujours misé sur le haut de gamme. Chacun de ses couteaux, fabriqués à la main par des maîtres couteliers, demande des dizaines d'heures de travail. Certains ont été pensés spécialement pour la clientèle américaine, comme ceux en cactus, dont le bois provient d'un fournisseur texan, et surtout le "Golden Gate Bridge" au manche rouge ajouré comme le pont de San Francisco. Le marché des Etats-Unis, en pleine croissance, représente pour la coutellerie un quart de son chiffre d'affaires annuel de 8 millions d'euros. Les taxes Trump pourraient mettre en danger l'entreprise, qui emploie 72 salariés.

Alors pour Christian Valat, c'est décidé : "Laguiole en Aubrac" va s'installer aux Etats-Unis. Pas pour y fabriquer ses couteaux, car ils perdraient son IGP (indication géographique protégée). La société va créer une simple filiale commerciale qui achètera la marchandise à prix coûtant et pourra ainsi économiser sur les taxes douanières. Cette astuce permettra de "maintenir un prix normal du produit aux Etats-Unis, qui ne va donc pas fragiliser les ventes", a calculé Christian Valat. Appliquer une taxation à 20% sur les ventes à prix coûtant représenterait une économie de 200 000 euros, une somme énorme pour une PME.

Ayant ainsi résolu l'équation du moment, le patron n'a qu'un regret : celui de faire le jeu de l'actuel président américain. "Je vais payer mes impôts aux Etats-Unis au lieu de les payer en France. Et M. Trump sera arrivé à ce qu'il a voulu : c'est qu'une partie de mes résultats soient américains, plutôt que français", conclut-il.

Extrait de "Taxes Trump : la grande peur des PME", un reportage à voir dans "Envoyé spécial" le 20 mars 2025.

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