Vidéo Cold cases : comment faire parler les squelettes pour rendre un visage à "la jeune femme retrouvée à Saint-Denis"

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Article rédigé par France 2
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Grâce aux progrès de la police scientifique, des avancées capitales vont peut-être permettre de résoudre des affaires non élucidées, même quand les indices manquent. Rencontre avec un homme qui fait parler les squelettes dans cet extrait d'"Envoyé spécial".

Cette affaire est l'un des 46 cold cases que la campagne Identify Me d'Interpol aidera peut-être à résoudre. En 2023, l'organisation a lancé un appel à témoins en vue d'identifier des disparues ou des victimes de féminicides dont les corps ont été retrouvés dans plusieurs pays d'Europe.

L'intitulé de la notice de l'Organisation internationale de police criminelle mentionne une "jeune femme retrouvée à Saint-Denis". En réalité, seuls son crâne et un os de sa jambe ont été découverts, en juin 2021, dans un sac poubelle abandonné sur un terrain vague de la région parisienne. Comment identifier une victime à partir de si peu d'éléments ?

L'unité médico-légale de la gendarmerie nationale reçoit une centaine de corps par an, et "les squelettes complets sont très rares". Très souvent, explique Franck Naulleau, légiste anthropologue dans cet Institut de recherche criminelle, "on a des corps avec très peu d'éléments, parce que le corps va se dégrader, des éléments squelettiques vont disparaître" (soit qu'ils aient été mangés par des animaux sauvages en forêt, "soit que les auteurs des faits aient découpé le corps en plusieurs morceaux"...).

De cette "jeune femme de Saint-Denis", on sait, d'après les analyses médico-légales, qu'elle était âgée d'une vingtaine d'années. Mais en l'absence de tout vêtement ou objet personnel à proximité, il faudrait en faire dire davantage aux ossements… Grâce aux progrès récents de la police scientifique, c'est maintenant possible. On peut désormais "obtenir un profil génétique à partir de très peu d'ADN". Et ce "en 90 minutes" seulement, explique le colonel Francis Hermitte, qui dirige ce laboratoire parmi les plus performants de France. Le profil obtenu sera versé au FNAEG (Fichier national automatisé des empreintes génétiques). S'il ne "matche" pas avec celui d'une personne déjà fichée dans la base de données, les enquêteurs ont à leur disposition un nouvel outil : la reconstruction faciale génétique.

Analyse génétique et données anthropologiques 

Franck Naulleau maîtrise cet outil dernier cri, c'est l'homme qui fait parler les squelettes. "Envoyé spécial" l'a fait parler à son tour. Pour en savoir plus sur la victime, le légiste va lui aussi rechercher de l'ADN, mais cette fois pour renseigner les caractéristiques physiques de l'individu : couleur de la peau, des yeux, des cheveux…

L'analyse des données anthropologiques déduites à partir des images obtenues par scanner fournira d'autres informations : "un individu de type africain", "relativement jeune", de "corpulence moyenne" (par défaut, en l'absence d'éléments). Combinés, tous ces renseignements ont permis à Franck Naulleau de rendre un visage à "la jeune femme retrouvée à Saint-Denis". Grâce à ce portrait, ses proches ou sa famille l'identifieront peut-être.

Extrait de "Cold cases : et si vous aviez la clef de l'énigme ?", un reportage à voir dans "Envoyé spécial" le 5 juin 2025.

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