: Vidéo "C'est un sujet tabou, chez nous" : les policiers restent peu nombreux à consulter le service de soutien psychologique qui leur est dédié
Exposés à des situations violentes, souffrant parfois d'un manque de reconnaissance, les membres des forces de l'ordre restent souvent réticents à parler de leur malaise, voire de leurs traumatismes. Ils peuvent le faire dans le cadre d'un service dédié – et discret – qui ouvre ses portes pour la première fois à une équipe de télévision. "Envoyé spécial" a pu assister à une séance.
Dans la police, en quatre ans, le nombre de départs anticipés a augmenté de 66%. Souffrant d'épuisement professionnel ou d'un manque de reconnaissance, confrontés à des missions de plus en plus violentes, détestés par une partie de la population, les policiers sont en proie à un profond mal-être. Certains développent des troubles psychiques, des addictions à l’alcool ; d'autres (36% de plus que le reste de la population) vont jusqu'au suicide.
Pour faire face à ce malaise, le ministère de l'Intérieur a créé un Service de soutien psychologique opérationnel, à visée thérapeutique mais aussi préventive, destiné aux policiers en souffrance. Réputé discret pour protéger leur intimité, le SSPO a a pour la première fois laissé entrer une caméra dans ses locaux. "Envoyé spécial" a pu assister à un entretien mené par l’une de ses 122 psychologues, Sabine Wojcik, qui intervient au commissariat de Bordeaux, où un gardien de la paix s'est suicidé il y a deux mois.
Séance d'EMDR pour traiter un traumatisme
Ce jour-là, elle conduit une séance d’EMDR, une psychothérapie par mouvements oculaires conçue pour aider le cerveau à "digérer" les souvenirs douloureux. Le CRS qui consulte, Jérôme, est là pour traiter un traumatisme qui le hante depuis deux ans. Intervenu après la noyade d’une jeune femme, il se sent coupable de ne pas avoir su annoncer clairement le décès de sa maman à sa petite fille de 5 ans. D'après la procédure, c’est le médecin qui doit s'en charger, mais il lui fallait apporter une réponse aux questions de l'enfant...
Si Jérôme semble réceptif, la plupart des policiers "ne sont pas très à l'écoute de leurs émotions, de leur corps, de ce qu'ils peuvent ressentir, constate la psychologue, parce qu'au travail, on demande d'agir." D'où un effet "cocotte-minute" : c'est lorsqu'ils se trouvent incapables de "maîtrise et de contrôle" face à des situations "un peu massives ou répétées" qu'"ils vont avoir le déclic de nous appeler, parce que ça ne va plus se tenir".
"C'est un sujet tabou, chez nous. Si on va voir le psy, c'est parce qu'on est faible, et qu'on n'arrive pas se sortir d'une situation seul. Le regard des autres est super important : que va dire ma hiérarchie si elle est au courant ?"
Jérôme, CRS, en consultation au SSPOà "Envoyé spécial"
Cette crainte des jugements extérieurs reste "un des freins majeurs" à la prise en charge psychologique des policiers, confirme Sabine Wojcik. "Ils nous demandent, effectivement, 'Est-ce que ça va se savoir, est-ce que vous allez faire un rapport ?', etc., et donc c'est à nous de les rassurer lors des premières consultations."
L'année dernière, ils sont tout de même plus de 10 000 policiers à avoir consulté un psychologue du SSPO, soit environ 7% des effectifs.
Extrait de "Policiers, la grande déprime", un reportage à voir dans "Envoyé spécial" le 30 novembre 2023.
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