: Vidéo "Quand quelqu'un accepte une fois, il accepte dix fois" : des surveillants pénitentiaires piégés et menacés par des détenus liés au narcotrafic
Drogue ou téléphones, les marchandises interdites circulent entre les murs des prisons, parfois avec la complicité des surveillants. Une fois qu'ils ont cédé à la tentation, le piège se referme sur eux. "Complément d'enquête" a obtenu le témoignage de plusieurs trafiquants incarcérés qui décrivent des méthodes parfois violentes.
Dans sa cellule, le détenu s'est filmé en train de récupérer clandestinement des ballots de viande. De la nourriture, de la drogue et bien sûr des téléphones : un trafic qui s'opère parfois avec la complicité des surveillants pénitentiaires. Ces derniers côtoient au quotidien des narcotrafiquants incarcérés, qui leur proposent de l'argent pour faire entrer en prison des marchandises strictement interdites. Mais qu'il cède un jour à la tentation pour arrondir ses fins de mois, et le surveillant se retrouve piégé, pris dans un engrenage qui peut aller jusqu'aux menaces de mort.
"Quand quelqu'un accepte quelque chose une fois, il accepte dix fois. La corruption, elle est partout", affirme ainsi un détenu qui a accepté de filmer son témoignage pour "Complément d'enquête"... avec un téléphone obtenu, selon lui, en soudoyant un surveillant. Si celui-ci lui est confisqué lors d'une fouille, il n'aura qu'à s'en procurer un autre car, affirme-t-il, "aujourd'hui, on peut tout faire passer" en prison.
Combien ce trafiquant est-il prêt à payer pour convaincre certains agents pénitentiaires de lui rendre des services ? Jusqu'à 50 000 euros par an pour des "commandes" (de téléphones, par exemple) hebdomadaires, répond-il. "Jamais de trafic en interne où on remet quelque chose à un surveillant", la personne soudoyée touchera son dû à l'extérieur.
"Le surveillant peut mourir parce qu'il a balancé"
Que se passe-t-il si le surveillant refuse ? Un autre narcotrafiquant qui témoigne dans cet extrait raconte, sans scrupules, comment il traitait les récalcitrants : par "la manière forte. Tu menaces, tu envoies une équipe, deux, trois collègues, ils viennent, ils lui font un peu peur, et c'est fini".
En prison, les surveillants ne sont pas soudoyés uniquement pour de la drogue ou des téléphones. Les trafiquants vont aussi chercher à obtenir d'eux certaines informations. Par exemple la date de sortie d'un détenu, afin de commanditer un règlement de comptes."C'est comme si le surveillant te donnait un 'go', explique de façon glaçante le même trafiquant. La personne va mourir mais lui, il ne savait pas… Il a donné, il a mangé ses sous et il est content, mais il ne sait pas ce qu'il a fait, ce qu'il a créé derrière." Et s'il parle ? "Il sait ce qu'il risque, il sait que c'est fini pour lui. Il était surveillant, il peut mourir parce qu'il a balancé, c'est con."
Des menaces de ce genre ont poussé une surveillante pénitentiaire qui témoigne à visage caché pour "Complément d'enquête" à abandonner le métier. Elles ont commencé, selon elle, dès son arrivée en prison comme stagiaire. Elle a fini par céder, et s'est mise à rendre des services qui lui rapportaient 2 000 euros par mois, l'équivalent de son salaire. En deux ans, elle reconnaît avoir "fait passer des petits trucs, mais pas des tonnes, de la fumette ou des téléphones". Si elle tentait de refuser les demandes des détenus, elle était selon elle menacée depuis l'extérieur, par leurs familles : "Si tu ne fais pas rentrer, on sait où tu habites…" Elle dit avoir quitté l'administration pénitentiaire parce que "ça devenait trop dangereux pour [elle]", et cache désormais son identité par peur des représailles.
Extrait de "Police, justice : où sont les nouveaux ripoux ?", à voir dans "Complément d'enquête" le 25 septembre 2025.
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