: Vidéo Du classement sans suite à la mise en examen, les rebondissements de l'affaire Kohler
Mis en examen, le secrétaire général de l'Elysée comparaîtra-t-il un jour ? Depuis une première plainte en 2018, ce dossier a connu de nombreux rebondissements. Cet extrait de "Complément d'enquête" s’intéresse notamment à deux rapports de police aux conclusions contradictoires.
L'affaire a été révélée en 2018 par une série d'articles de Mediapart : un possible conflit d'intérêts entre les postes d'Alexis Kohler dans la fonction publique et ses liens avec l'armateur italo-suisse Mediterranean Shipping Company (MSC), fondé et dirigé par des cousins de sa mère, la famille Aponte. A leur suite, l'association Anticor a porté l’affaire en justice. Pourtant, selon Jean-Baptiste Soufron, avocat de l'ONG, "de façon un peu surprenante, la plainte a été classée".
Il y a tout d'abord le changement de ton des enquêteurs dans leurs rapports de synthèse. Celui du 7 juin 2019 note, à propos d'Alexis Kohler : "Sa connaissance de son conflit d'intérêts est avérée" ; "Il ne prend aucune mesure pour organiser un déport formalisé sur toutes les questions visant MSC" ; "Toutes les informations lui remontaient." Quelques semaines plus tard, un second rapport livre une tout autre analyse : "Alexis Kohler n'a jamais dissimulé son lien de famille" ; "Un déport avait été organisé pour la prise en compte des dossiers relatifs à MSC"...
Un virage à 180 degrés, "le fait du prince" ?
Entre le premier et le second rapport d'enquête, Pierre Moscovici (ministre de l'Economie de mai 2012 à mai 2014) et Julien Denormandie (adjoint d’Alexis Kohler quand ce dernier était directeur de cabinet d’Emmanuel Macron à Bercy, entre 2014 et 2016), entre autres, dédouanent Alexis Kohler par écrit. Le 1er juillet, le président de la République en personne prend sa plume pour la défense de son bras droit. Dans une note personnelle révélée par Mediapart, il affirme qu'Alexis Kohler l'avait informé de ses "liens familiaux avec les actionnaires de contrôle de la société MSC" et qu'il avait demandé à être déchargé des dossiers la concernant, ceux-ci incombant à Julien Denormandie, son adjoint. Le 22 août 2019, le Parquet national financier annonce le classement sans suite de l'enquête.
"La question se pose de savoir si ce classement n'est pas le fait du prince. Est-ce que c'est le rôle du président de la République d'intervenir dans une affaire judiciaire en cours, surtout quand elle concerne son collaborateur en place et, encore plus, à l'Elysée ?"
Jean-Baptiste Soufron, avocat de l'association Anticorà "Complément d'enquête"
Ces attestations lui semblant quelque peu "artificielles", l'association Anticor a demandé "à ce que classement soit cassé et que, finalement, des juges d'instruction soient saisis", précise l'avocat de l'ONG.
Emmanuel Macron lui renouvelle sa confiance
"Complément d'enquête" a sollicité l'Elysée pour une interview du Président, mais n'a pas obtenu de réponse. Thomas Lelong, qui signe ce document, a profité de l'inauguration du Salon de l'agriculture, le 25 février 2023, pour l'interroger. Emmanuel Macron réaffirme toute sa confiance en l'"honnêteté" de son secrétaire général malgré sa mise en examen, balayant la procédure d'Anticor, qui selon lui "n'est pas en train d'aboutir".
Pourtant, selon des informations de "Complément d'enquête" confirmées par le Parquet national financier, outre Alexis Kohler lui-même, deux de des supérieurs hiérarchiques à Bercy sont mis en examen dans ce dossier (depuis le 9 février 2023, pour "complicité de prise illégale d'intérêts"). Ils auraient eu connaissance de ses liens familiaux avec l’armateur MSC, tout en décidant de le maintenir au conseil d’administration de structures en lien avec l'entreprise, notamment STX.
Extrait de " Alexis Kohler, l'homme de l'ombre du Président", un document à voir dans "Complément d'enquête" le 30 mars 2023.
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