Vidéo Des documents qui montrent un lien financier entre Rachida Dati et GDF Suez par l'intermédiaire d'un cabinet d'avocats, dévoilés par "Complément d'enquête"

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Article rédigé par France 2
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Des soupçons de conflit d'intérêts pèsent sur elle depuis plus de dix ans, mais Rachida Dati a toujours nié tout lien avec GDF Suez. "Complément d'enquête" et "Le Nouvel Obs" ont mis la main sur des documents exclusifs qui fragilisent cette position. Extrait de "Rachida Dati, la conquête à tout prix", diffusé dans "Complément d'enquête".

Après des mois d'enquête, "Complément d'enquête", en partenariat avec Le Nouvel Obs, s'est procuré des documents exceptionnels. Ils révèlent l'existence d'un lien financier entre Rachida Dati et le groupe GDF Suez, contrairement aux multiples dénégations de l'actuelle ministre de la Culture sur un possible conflit d'intérêts avec le groupe gazier. 

Ces documents sont issus de la comptabilité d'un cabinet d'avocats d'affaires (aujourd'hui fermé). A l'époque, Rachida Dati y est domiciliée. Les fichiers comptables font apparaître en octobre 2010 un paiement à venir de 149 500 euros intitulé "DATI HONORAIRE GDF SUEZ". Un deuxième, du même montant, intitulé "CHQ DATI", suivra en février 2011.

Le cabinet d'avocats aurait-il servi d'intermédiaire entre le géant français du gaz et Rachida Dati, eurodéputée de 2009 à 2019 ? Ces deux sommes ont d'abord été virées par GDF à ce cabinet, qui verse quelques mois ou semaines plus tard exactement le même montant à Rachida Dati, par chèque. D'après le dossier d'instruction que "Complément d'enquête" a pu consulter, le compte bancaire de celle-ci a bien été crédité de 149 500 euros en octobre 2010.

"DATI GDF HONORAIRE SUEZ", une mention qui apparaît à trois reprises dans la comptabilité d'un cabinet d'avocats

Pour quelles prestations exactement Rachida Dati a-t-elle touché ces paiements ? A l’époque, l’eurodéputée était alors particulièrement active à Bruxelles en faveur des intérêts du secteur gazier. Deux sources ont affirmé à "Complément d'enquête" que Rachida Dati avait travaillé sur des missions au profit de GDF Suez, ce qu'a toujours nié l'intéressée. Contacté, Xavier de Sarrau, l'un des fondateurs du cabinet et proche de Nicolas Sarkozy, confirme de son côté l'existence d'un rendez-vous avec Gérard Mestrallet, patron de GDF Suez à l'époque, dont il dit ignorer les suites.

Selon Clément Lacombe, journaliste au Nouvel Obs et partenaire de "Complément d'enquête" pour ce numéro, "ces documents donnent une clé, peut-être même la clé, sur une question qui a provoqué une enquête au parlement européen". Ils attestent pour la première fois "un lien financier entre Rachida Dati et GDF Suez, certes via un cabinet d'avocats, mais qui pourrait avoir fait office de société écran pour masquer ce lien d'argent".

Une troublante annotation "GDF 250"

Ces informations semblent recouper d'autres éléments que les enquêteurs ont obtenus lors des perquisitions dans l'affaire Renault : deux factures de 125 000 euros hors taxes (soit 149 500 euros TTC) émises par Rachida Dati à l'adresse du cabinet d'avocats. Ce total de 250 000 euros rappelle une annotation qui a pu intriguer les enquêteurs sur un cahier annoté par l’assistante de Rachida Dati retrouvé en perquisition : "GDF 250". Elle figure à côté d'un "Renault 300", et l'on sait qu'en 2010, 2011 et 2012, Rachida Dati a reçu 300 000 euros par an du groupe automobile Renault.

Contactés, ni Rachida Dati ni ses avocats n'ont répondu aux questions de "Complément d'enquête", pas plus que Gérard Mestrallet, PDG de GDF Suez à l'époque, ni le cabinet d'avocats.

Extrait de "Rachida Dati, la conquête à tout prix", diffusé dans "Complément d'enquête" le 5 juin 2025.

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